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Tucson est par là, suivez mon doigt sur les allongées routes américaines, baignée par la chaleur d’un désert tout proche, les pas au ralenti, les mots bien pesés pour économiser l’air, et puis la transe, assis sur un rocher a regarder en soi les chemins parcourus, la pluvieuse Ecosse est loin, mais encore là, quelque part l’empreinte d’une chine sensorielle, et puis combien d’années depuis ce cheval noir roué de coups autant que caressé sur une guitare, et puis découvrir les vérités a travers ce télescope pop.

On a vu le monde, on l’a croisé, on a vu ensuite les autres mondes, on les a chantés, pourtant, là, sous le soleil de Tucson, on découvre qu’on est encore soi-même, qu’on l’a toujours été, parce qu’on est naturelle, depuis cette soirée où l’on a presque improvisé sur la scène de « Later with Jools Holland. ». On a le front haut, on sourit sagement, le bien être est là, Tucson, Arizona, ailleurs, là-bas.

KT a une profondeur cachée dans les aigus de sa voix, des rages sur son sourire, et la tranquillité acquise sur les routes, et cette sagesse de ne pas mettre ses cordes vocales au dessus des sons, question de nous mettre en confiance avant de nous embrasser de cette tessiture cristalline et sensible, sensuelle quand elle s’énerve un peu, pas trop, on est pas là pour changer le monde a base de révolutions, on est là pour le charmer, qu’ainsi aussi le monde peut être plus beau. Il y a deux manières de vivre sur cette planète, ceux qui ont froid et s’enferment, se referment, et ceux qui cherchent la chaleur, s’ouvrent, s’épanouissent, a Tucson, la chaleur se trouve facilement, et notre petit rossignol ( beauté quand tu nous tiens) d’apparence fragile, renait, assise sur un rocher, contemplant le désert. Bien nommé ce disque intimiste à deux faces, la triste, l’heureuse. L’empire invisible semble être tout ce qui se perd, et Crescent Moon, tout ce que l’on gagne, le lien commun, c’est que ce qu’on perd et gagne, est intérieur, profondément, humainement. Ne cherchons aucun son brutal, aucun tempo effréné, tout est en dedans, sous-jacent, il n’y a pas d’hymne épique, aucune bataille bruyante (batailles, il y en a, mais elles n’ont pas besoin de cris ni débris). Ici on parle entre sages des amours défaits, des petits rien merveilleux (Feel it all, hmmmmmmmmmmmmm, susure-moi encore ces mots-là) avec un calcul subtil des mots employés et liés, d’une douceur folk, arrière gout country (Tucson, Arizona), et puis ce mystère eternel du pouvoir caché des européens quand ils touchent l’Amérique, de faire plus grand encore ce continent, de lui donner la raison et la simplicité qu’il n’a jamais eu, de le rendre chétif, humainement fragile, docile, amoureux.

Ecouter ce disque est comme devenir heureux, goutte a goutte, ce premier baiser, ce rayon de soleil au matin, s’assoir sur un rocher aux abords de Tucson, Pyma County, a contempler ce monde finalement si beau, et je défie quiconque d’entre vous de se lever de cette pierre sans être meilleur quelque part. J’ajoute qu’on peut facilement pleurer, non pas de tristesse, sinon pour une sensation fabuleuse, en écoutant « Crescent Moon », perle sensitive, chair de poule généreusement envahissante, éblouissante. Quel bel hommage a la vie de tout les jours, ces petits pianos jolis, ces légères guitares, cette voix de femme, femme, fabuleusement, justement, seulement et merveilleusement, femme. Quelle belle autobiographie, quelle belle vie dans nos Tucson, Arizona, internes. Qu’il est bon d’être assis a ses côtés.




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