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Souvent, les plus belles rencontres musicales se font par un coup du hasard. Découverte un soir à déambuler sur la Toile à la recherche d’un son apaisant, réconfortant, la musique de This is Alaska ne mis pas longtemps à réchauffer la morne plainte d’une nuit insomniaque. Sans le savoir, nous avions besoin de This is Alaska. Il nous fallait une musique capable de pratiquer le baume au cœur, il nous fallait des sonorités qui, ce soir-là, auraient remplacé l’épaule rassurante de l’élue absente. Une mission à un tel point remplie par Vincent Stockholm et Annabeth McNamara que leur album tourna en boucle, des heures durant, sans que nous parvînmes à en épuiser la moindre subtilité, la moindre note… Et il ne s’agit que d’un Ep 4 titre !

« Folks of the Dark and Still lake », donc… Folk ? A condition d’admettre que le folk, c’est le silence entre deux notes, le faux dépouillement, une mise à nue dont la complexité souterraine oblige l’auditeur à de nombreuses écoutes tout aussi attentives que religieuses. Dark ? Si la noirceur, en musique, consiste à divulguer une sensation de bien-être, alors This is Alaska est le groupe le plus dark que nous entendîmes depuis des lustres. Non, au diable les étiquettes : il y a ici, en à peine quatre titres, bien trop de non-dits, de trappes qui se dérobent, de possibles enchanteurs qui ne permettent pas de cataloguer le groupe. A peine les noms de Mark Hollis ou Low peuvent-il éventuellement, au détour d’un chant ou d’une suite d’accords, surgir dans notre esprit, pour mieux repartir et nous laisser seul avec cette musique vierge, d’une pureté qui parfois en vient à flanquer la chair de poule.

Pure supposition, simple ressenti : avec son invocation des quatre éléments (mais peut-être, là aussi, avons-nous fantasmé cette analogie ?), This is Alaska évoque le rituel d’une cérémonie magique. Pas noire, la magie ; blanche, violemment blanche. Comme si deux virtuoses s’étaient réunis dans une pièce aux rideaux fermés, puis, convoquant une musique tirant vers « l’Aréalité » (pour prendre un mot redécouvert en 2001 par l’écrivain Mehdi Belhaj Kacem), en avaient extirpé une matière fuligineuse, un pur condensé d’eau et de feu qui donne une sensation de présent (car sans artifice, sans teinte, vierge de tout). La magie blanche n’est-elle pas ce qui transmet des ondes positives, ici et maintenant ? Par sa faculté (finalement très rare dans la musique des dernières années) à sonner non pas actuel et encore moins contemporain mais, ce qui est bien plus gratifiant pour l’auditeur, en phase avec nos existences, This is Alaska est un groupe bénéfique au sens où : This is Alaska nous procure du bien.




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