Une de nos occupations préférées quand nous étions enfants, était de jouer aux cowboys et aux indiens le lendemain de la dernière séance de FR3 présentée par Eddy Mitchell, ou de jouer aux chevaliers quand John Wayne était remplacé par Errol Flynn et que les indiens avaient de lourds costumes. Si dans le premier cas les premiers penchants anti migratoire de certains de mes copains se faisaient ressentir, certainement dictés par des éditos paternalistes douteux, les jeux nous ramenant à l’époque des châteaux forts étaient là pour faire ressortir notre masculinité, non pas pour séduire un jeune fille, mais pour marquer son quartier de son empreinte.

Découvrir qu’un groupe pouvait s’appeler 100% chevalier était donc pour moi, l’occasion de me remémorer des joutes mémorables, mais surtout de faire la connaissance avec une musique que j’imaginais tout à la fois bestiale, mais surtout fière et altière, défendant des principes et un honneur, que certains politiques de notre époque conjuguent avec le passé.

Nous arrivant de Strasbourg, cette compagnie de chevaliers fait dans le math rock noisy (dixit la feuille de presse) qui omet une chose essentielle et pourtant qui saute au corps, c’est un groupe qui vous fera danser, car les assauts répétés des guitares ouvrira en grand vos défenses, prenant votre corps le transformant en pantin desarticulé, en témoigne le morceau d’ouverture de ce EP renvoyant des contrées arides et sans vie le moindre dj machin qui essayera de faire bouger les foules avec des boutons, de façon indigne, sans aucun code d’honneur. Si les guitares transpercent les murs de n’importe quel château fort, la rythmique fera trembler le sol avec force, laissant les fondations de n’importe quel auditeur sans aucune possibilité de résister.

D’une puissance étonnante, ce EP ravira les chevaliers dans l’âme, ceux qui étaient prêt à se battre pour conquérir l’âme sœur enfermée en haut d’une tour, fusse t’elle imaginaire. Chevaleresque et dantesque.