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Il y a les principes, et il y a la réalité. Coté principes, je suis plutôt fort, et en musique je mets en avant le refus du revivalisme, quel qu’il soit. Le revival années 80 actuel me casse d’autant plus les pieds qu’il s’attaque à des pans de ma culture personnelle et les galvaude allègrement. J’y vois une revanche des quadragénaires, qui montent en épingle des jeunes groupes d’aujourd’hui qui leur rappellent tellement leurs belles années que, décidément, ils ne peuvent pas ne pas en dire du bien du haut des belles places qu’ils occupent dans la presse et les medias. Et la hype prend, ce qui m’agace au plus haut point... Bref, j’ai des principes, je n’aime pas la vague neo-new wave du moment.

Oui, mais... Motorama, trois écoutes, déjà conquis. Motorama, qui balaie tous les a-priori à grands coups de fraicheur, de sincérité, de personnalité et de savoir-faire. Motorama, qui reprend les canons esthétiques des années 80, tous identifiables (la batterie syncopée, les guitares claires noyées dans la réverbe, les mélodies en notes détachées, les basses rapides sur les fondamentales, la voix grave et veloutée flottant sur le tout) mais réussit l’exploit , à force de prendre les atours de tous les groupes de l’époque, de ne sonner comme personne. Tous les titres sont accrocheurs, les refrains mémorisables, rien ne vient gâcher la fête, parce que l’on sent que les premiers à avoir pris un immense plaisir, ce sont les musiciens eux-mêmes : tout au long de « Calendar », le groupe donne une leçon de cohésion et emporte l’adhésion grâce à son énergie. La guitare mélodique rappelle Durutti Column (« to the south »), la guitare rythmique celle des Woodentops, la voix oscille entre Ian Curtis et le Bowie crooner de « China Girl » avec un accent russe, seul indice de la nationalité du groupe, la batterie lorgne du coté de chez Cure, et tout cela est parfaitement assumé. Le groupe, par ses limites, parvient à garder une fraicheur qui se loge dans les détails : la batterie parfois brouillonne, certains arpèges pas vraiment en place (« in your arms »), l’accent plutot étrange par moment ((« clear image of our love » qui semble devenir « clear image of Allah »), tous ces détails permettent de donner de la vie à ce disque qui, sans ça, aurait peut-être tourné à la démonstration de savoir-faire, à la reproduction clinique de recettes éculées. Rien de tout cela ici, nous sommes en présence d’un groupe bien vivant, qui joue avec passion une musique enthousiasmante.




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