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Comment vous êtes-vous rencontrés ?

— Borja : Nous traînions tous les deux dans les bars de Barcelone, et puis nos conversations et affinités musicales nous ont amenés à créer ce duo…

Quel était votre parcours artistique avant votre rencontre ?

— Marion : Je me destinais davantage au théâtre, à la mise en scène, même si mes plus forts désirs se situaient du côté de la musique. Quand nous nous sommes rencontrés je travaillais à la conception d’un spectacle de marionnettes, en même temps que je reprenais avec des amis des chansons de Girl groups des sixties …

— Borja : J’ai d’abord eu des groupes de rock, avant de créer un duo de musique instrumentale, Belmonde, avec lequel j’ai publié deux disques et composé pour le théâtre et le cinéma. Parallèlement je me suis consacré pendant plusieurs années aux arts plastiques, peinture et collage, exposant principalement en Espagne.

June et Jim c’est une combinaison de vos deux styles, ou une chose totalement nouvelle ?

— Marion : Je crois que c’est plus que la combinaison de nos deux styles, car rien de ce que nous avons fait auparavant n’y ressemble. Mais JUNE ET JIM est une entité qui absorbe toutes nos créations, musicales, textuelles ou plastiques pour former à chaque fois une chose totalement nouvelle.

Comment avez vous choisi ce nom de scène ?

— Marion : Ce n’est pas un hommage au film. Mais l’idée de détourner une référence de la culture française, et de la dénaturer en lui donnant cette teinte américaine, nous a séduit. Nous aimions aussi beaucoup les sonorités de ces deux prénoms, leur similitude, leur interchangeabilité.

Sur myspace vous définissez votre style comme cela Indépendant / Religieux / Tropicale. Enigmatique pour nous, vous pouvez expliquer ?

— Borja : Au début c’était plutôt par dérision, vis-à-vis des catégories, et des modes qui se succèdent. Et puis nous avons trouvé dans ce choix, pas tout à fait innocent, une certaine signification. Indépendant parce que nous nous inscrivons dans la catégorie des artistes qui choisissent eux-mêmes ce qu’ils ont à dire et définissent seuls comment ils vont le dire. Religieux pour la ferveur avec laquelle nous vivons notre musique et pour notre engagement à son égard. Tropicale pour la recherche d’une certaine chaleur des sons et des rythmes.

J’ai le sentiment que vos chansons sont des petits scénarios. Vous tenez à écrire avant tout des histoires ?

— Marion : J’aime raconter des histoires, mais parfois ce sont des sensations ou même des peurs que je cherche à exprimer, et qui prennent une forme, une image ou une figure dans les chansons, comme cela arrive dans les songes. Mais nous ne cherchons pas avant tout à raconter des histoires. Pour nous la musique est un tout, où les paroles n’ont pas plus d’importance qu’une mélodie de trompette, mais doivent être aussi précises et justes, et avoir le même pouvoir de suggestion que cette mélodie de trompette.

Comment vous répartissez vous les parties chantées ?

— Borja : Intuitivement, en ce qui concerne les chansons à deux voix. Mais parfois le caractère de la mélodie réclame davantage l’un de nos deux timbres, et c’est ainsi que certaines chansons ne sont chantées que par l’un de nous deux.

Quelles sont vos principales sources d’inspiration ?

— Marion : Le monde qui nous entoure, et les arts qui en rendent compte.

— Borja : Les désirs, les rêves et le plaisir.

Votre univers semble déborder le simple cadre musical. L’image doit coller à l’ambiance de vos disques ?

— Borja : Nous aimons concevoir nous-mêmes la partie visuelle, parce qu’elle vient figurer ou compléter la dimension abstraite de la composition musicale, elle apporte une signification supplémentaire que nous tenons à élaborer par nous-mêmes. Sons, mots et image forment un tout qui nous définit.

D’ailleurs pourriez vous écrire pour le cinéma par exemple, vous faisant voler les images que vous suggérez par vos chansons ?

— Marion : C’est quelque chose que Borja a déjà fait mais que nous aimerions réaliser avec JUNE ET JIM, de même que nous aimerions beaucoup composer pour le théâtre ou la danse.

Quel sera votre dispositif scénique pour cette série de concerts ?

— Borja : Nous avons toujours été un groupe à géométrie variable, duo, trio, quintet, mais pour cette série de concerts nous serons six musiciens sur scène. Nous accompagneront Igor Estrabol à la trompette, à la clarinette et au clavier, Renaud Cousin à la batterie, Mitch Pottier à la basse et Olivier Goulet à la guitare, au clavier et aux choeurs.

Vous êtes sans label pour le moment, mais est ce pour vous si pénalisant que cela ?

— Marion : Ca l’est extrêmement dans le sens où nous venons d’auto-produire un disque pour lequel nous allons devoir assurer nous-mêmes la promotion et la communication, ce qui demande énormément de moyens et de travail, et nous détourne beaucoup trop de la création.

D’ailleurs êtes vous à la recherche d’un label, ou souhaitez vous garder cette vraie indépendance, et votre style particulier ?

— Marion : Nous sommes à la recherche d’un label qui nous permette de garder cette indépendance artistique. Nous voulons croire qu’il en existe encore.

L’année 2009 vient de se terminer, vous retenez quoi de cette année musicalement ?

— Marion : C’est au début de l’année 2009 que nous avons commencé à jouer avec d’autres musiciens, et c’est avec ces musiciens que nous avons décidé d’enregistrer un premier LP. Alors nous retenons tout d’abord cette rencontre musicale et affective. Et puis cette année, c’est aussi celle de l’élaboration de cet album, dont l’enregistrement a commencé en juin et qui vient d’être masterisé à la fin de ce mois de janvier.

Et pour 2010 que pouvons nous vous souhaiter ?

— Borja : Que ce disque soit publié et entendu. Et après tant de mois passés en studio nous n’avons qu’une envie, retrouver la scène, jouer partout.

Quelle est l’orientation, le fil conducteur, s’il y en a un de votre prochain album ?

— Borja : C’est un disque plus vital, plus électrique, parfois pléthorique, mais dans lequel on peut aussi trouver le minimalisme qui caractérisait nos précédents essais. Musicalement il est plus dense, plus arrangé, mais aussi plus rythmique que « Les Vivants » et « Fables ».

— Marion : En revanche, du point de vue des paroles, il s’inscrit dans la continuité de ces deux recueils, et s’il y a un fil conducteur, une narration qui puisse se dégager de ses textes, elle est toujours portée par cette question de comment vivre au monde.

Le mot de la fin est pour vous

— Marion : Nous venions de terminer de répondre à cet entretien lorsque nous avons appris la fin d’A découvrir absolument. Cette nouvelle nous attriste profondément, car vous faites partie de ces rares médias qui cultivent et assument une réelle indépendance, à l’égard de l’industrie musicale. Nous vous remercions sincèrement pour cet engagement.