Pour le grand premier raout du G20, le cheval de bataille de notre petit Napoléon en formica, était de mettre les paradis fiscaux face à leurs responsabilités, dont celle de laver plus blanc l’argent. Bon, je vais pas vous dire que je suis contre, mais à force de tout gérer, de tout contenir, plus rien de changera notre quotidien morose, tout sera gris, tout sera fade, les talonnettes bon marché, et les disques officiels comme des sardines en boite, sans saveur. Les genevois de Sinner DC ont certainement anticipé ce lavage, cette standardisation, et ont préféré tourner la tête, ou plutôt levé celle ci pour regarder au dessus d’eux ce qui s’y passait. C’est donc un voyage électronique entre des constellations inconnues que nous invite à faire Sinner DC, dans un vaisseau spatial qui semble comme vouloir quitter la honte d’ici bas. Replongeant dans les fondements même de la musique électro, le trio cultive un ascétisme frugale, laissant les grossièretés puissantes pour les rave. La tête dans les étoiles, le trio conçoit un univers nouveau mais pas désorientant, un paysage où se marrie à la fois la modernité des machines, et l’histoire avec un grand H, celle du grand tout, et pas celle du bas du grand rien, de la vanité. « Crystallized » se confronte à l’immensité du vide, pour l’occuper de façon intelligente et timide, comme pour ne pas gêner à la beauté de l’espace. Un disque, moralement aux antipodes de son époque. Magnifique.