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Comme vous pourrez le lire sur le net via n’importe quel moteur de recherche digne de se nom (digne je ne sais plus trop depuis cet article du monde qui m’apprend qu’une recherche sur google a sa fracture énergétique) j’ai noué avec Watine une complicité qui ne s’arrête pas à Chroniqueur / Chroniqué, Catherine voyant en moi une sorte d’oreille bienveillante une source de critique spontanée et sincère. Toujours pas avars de bons conseils j’avais émit à Watine le souhait de la voir tourner le dos à l’électro, à la production, de faire de ses compositions des chansons rêches au piano, sa voix nue de tout arrangement, un « rid of me » au piano, l’éraillé de la voix comme signature. Mais Watine, comme tout bon conseil, ne l’a pas suivi. C’est que la chanteuse est aussi une petite fille à qui l’on ne pourra pas proposer la Línea à la place de l’intégrale de Paul Grimault, elle veut de la couleur, la vie est déjà si triste, elle veut des rebondissements sans césure, elle veut juste de la vie dans cette nouvelle facette de sa discographie. Alors la chipie (jubilatoire ce mot employé à son égard) ne prendra pas de pincette avec ses poupées ou ses chevaux de bois, elle entamera une forme de guerre à la morosité, s’autorisant la mélancolie comme unique pendant pour contrebalancer l’atmosphère jouissive de « face to face » & « profanum praelvdes ». Partant de vignettes qu’elle aurait caché sous son lit pour les laisser vivre loin de l’album dans lequel elles devraient être collées, Watine brode des robes à ses poupées à l’envers ou construit un parc d’attractions à ses ours clochardisés. Grande amoureuse, Watine distribue des coups de cœur, des cœurs cassés, des cœurs à prendre ou à recoudre, faisant de son disque une version de l’œuvre de Salinger qui se serait perdu chez Bjork, une autre petite fille capricieuse. Alors on se perd parfois dans ses chansons toutes décousues, mais le fil n’a ici pas le bourdon, il est même un compagnon hilare, les yeux pas tout à fait au milieu, pas tout à fait stables, mais grands ouverts. Le plus dure dans ce genre de disque c’est que le froid des machines glace l’atmosphère, mais une petite fille est toujours un pyromane dans l’âme, et les clapotis de 8 nous apprennent beaucoup plus sur le réchauffement que les vulgates étirés d’une contorsionniste dans un sauna. En définitive, B-side life n’est pas un disque enjoué, c’est le disque d’une enfant triste qui se réconforte avec des notes sautillantes et des caprices assumés, une enfant qui conjugue le passé comme un acte premier, abordant maintenant ces jours nouveaux, qu’ils soient d’ébènes ou d’autres. Watine n’écoutez (plus) jamais mes conseils. Poignant.