La combinaison du mouvement et de la musique donne au spectateur le sentiment que l’action n’aurait pas pu être ce qu’elle est sans ce vecteur sonore. Un clip de kraftwerk par exemple est la quasi retranscription en image la structure rythmique du morceau. Mais on peut alors se demander si l’image n’est pas la trame fondatrice du morceau, comme on peut se demander qui est arrivé en premier de l’œuf ou de la poule. En travaillant avec Bob Jaroc, les fureteurs inspirés de Plaid ont parfaitement assimilé le sens de l’histoire, jouant de la persuasion de la musique pour en générer des images. Collant aux rythmes des titres, les images de Jaroc ne sont pas qu’une simple illustration du son, elles participent à modifier mais surtout à parfaire la compréhension et la perception de la musique. Le fil unique et noué donne par exemple à the launching of big face des dimensions de boucle et de fil d’Ariane vers l’infini. La montée et la descente que ce soit des ascenseurs ou du sentiment humain imprime ZN Zero dans la continuité de l’histoire. Que dire du soleil jouant des poussières le temps d’EMR diaboliquement interstellaire. Toujours dans le ton Jaroc touche à la perfection sur To, ballet d’oiseaux sous un soleil rouge et couchant, une parade hitchockienne qui flagelle le ciel comme les rythmes peuvent flageller le mur du son. Greedy Baby n’est pas la réussite d’un art grâce à l’autre, c’est avant tout la combinaison d’une musique réclamant un support qui ne peut vivre qu’avec une illustration. Plaid trouve un vecteur pour passer le mur du son, le mur de la perception, celle que le confort moderne se défend de percer. Jubilatoire.