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  • 10 novembre 2009 /
    Portishead
    “3”

    rédigé par gdo
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La première fois que j’ai entendu Numb, chez Lenoir, j’aurais souhaité que l’internet existe, pour palper si je n’étais pas le seul à avoir entendu et surtout ressenti un souffle froid sur ma nuque. La télé pouvait bien diffuser un film de Peter Sellers, quelque chose de terrifiant venait de nous être offert, mais rien pour pouvoir le décoder. Ce soir là j’étais seul, avec des milliers de gens seuls aussi. Portishead était né, et le trip hop pouvait sortir de la boite aux étiquettes. Dix ans après le groupe est de retour. Geoff Barrow géo trouvetou qui ne voit jamais la lumière, Adrian Utley, guitariste sculpteur de géni et enfin Beth Gibbons voix qui suggère de la prendre dans ses bras mais aussi de se méfier. Le projet avec Rusty man de Beth Gibbon ne laissait planer aucun doute sur le retour des Bristoliens, on ne nous la fera pas avec une arlésienne de plus après My bLoody Valentine. 3 le nouveau disque est disponible depuis pas mal de temps sur le net, mais impossible de croire que ce disque soit celui du retour. Impossible de couper un morceau comme Silence aussi brusquement, et pourtant. Portishead est de retour, enfin le trio, Portishead est devenu un train fantôme terrifiant, un endroit où la vie a depuis longtemps déserté les rues. Sur ces deux premiers albums, le trio ne jouait pas avec la structure, il jouait avec les sons. Avec 3 le son est parasité, voire mangé de l’intérieur par de la vermine, mais la structure ne connait plus sa grammaire. On ne chavire pas avec ce disque, on sombre violemment, avec des paliers successifs sur lesquels on ne se prive pas de rajouter des actes de torture. « Silence » qui ouvre l’album fait plus de bruit qu’un train de marchandise entrant dans une gare désaffectée. Le ton est posé, Portishead est de retour et la chute est vertigineuse. « Hunter » qui suit, a le cœur qui s’arrête au bout de vingt petites secondes, le temps que Beth navigue sur des eaux poisseuses et dangereuses, elle toujours aussi fragile dans ce monde inquiétant. Ironique jusqu’au bout, le sourire de nylon (« nylon smile ») coupe les lèvres et griffe. On semble reprendre de l’air avec « the rip ». Une guitare acoustique comme enregistrée avec trois bouts de ficelle réchauffe en attendant une poussée électronique faisant monter Beth Gibbons vers des notes plus chaudes. « C’est « plastic » qui nous rappellera ce qu’était Portishead il y a dix ans. Comme notre mémoire a parfois des manques le groupe en profite pour y rajouter des effets nouveaux, riant par avance du mauvais tour joué ici. Avec « carry on » le groupe communique avec le shinning de Kubrick. Là où l’on pourrait s’amuser avec une gamme sonore plus haute, le trio enfonce le clou, sans tomber dans la facilité. « deep water » est une chanson à la mandoline. « deep water » est une chanson hantée par le gospel…décidément les fantômes sont partout, en témoigne « machine gun ». Ceux là s’amusent avec une machine complètement déréglée. Beth y est seule, pas même les chœurs ne sont là pour la soulager, l’ambiance devient martiale, le disque de plus en plus terrifiant. « Small » certes nous nous le sentons après ce déluge. « Small » se présente comme une berceuse, sauf que la gardienne d’enfant prendra un malin plaisir à faire trembler les enfants, les envoyant dans un cabaret sorti de la tête de David Lynch. La ligne de « magic doors » elle ne fonctionnera qu’avec intermittence. On descelle derrière ce morceau une structure amie, une once d’humanité, alors on s’y accroche, et part derrière encore une fois le groupe nous happe pour mieux nous hanter. C’est à « threads » qu’est dévolu le droit de nous libérer. C’est le chant d’une sirène maligne, une sirène qui sait que pendant l’aller rien n’a été fait pour notre confort, mais le retour sera pire. Convalescent après cette écoute, le désir sera d’y retourner. Comme avec Dummy l’envie d’y retourner supplante la peur, mais avec third le retour à une forme de réalité lui semble impossible. Ils sont de retour, ouf dehors les oiseaux chantent encore.




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