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« Une merveille de disque, une œuvre magique, magnétique, marquante ». C’est ainsi qu’en 2020 nous nous extasions sur GLO, le quatrième opus de Manuel Bienvenu, qui nous revient avec un nouvel album à l’intitulé pétillant, où la forme (trois simples syllabes, sonnant comme des onomatopées pop) ne se départit pas d’une réflexion sur le fond (trois simples syllabes, une myriade de portes entrebâillées) : Oh Do We, ou l’art du glissement, glissement de sens (structures kaléidoscopiques, poupées russes), glissement d’harmonies (contrastes mélodiques, alternance d’accords majeurs et mineurs), à l’image de l’introductif Combini, porté par un beat quiet, un piano mélancolique et une voix feutrée au timbre néanmoins ample (on pense à Thomas Dybdahl), coloré de discrètes ornementations jazzy et syncopes reggae pour en illuminer les refrains, ou du californien Summer Rains, qui évoque les High Llamas, avant de virer psychédélique puis – toute retenue gardée – funky. Oh Do We est un passionnant trompe-l’œil, qui vous guide tout autant qu’il vous égare, mais jamais par malice : Manuel se fait le plasticien de sa propre musique, et joue à merveille des formats, à tel point que ses compositions s’avèrent autant narrations que chansons, même si le multi-instrumentiste sait évidemment coudre des refrains sucrés (la ballade Minortom, digne de Tindersticks solaires) et des arrangements entêtants (le piano de Dark Polychrome, pointilliste, virevoltant). Et puis il y a les boucles que l’on boucle : Manuel reprend le Here Comes du groupe parisien Binoculars, dans lequel officiaient le guitariste Yann Louineau et le batteur Thierry Chompré qui… interviennent sur Oh Do We, à l’instar d’autres invités tels que Peggy Courchay et Tomoko Yoshino ; émouvant, Moe Ishii interprète (en japonais) un texte écrit par la fille de Manuel – Nureta Bara. La famille, les amis, voilà ce à quoi il faut s’accrocher quand ça secoue, et cette humanité chaleureuse, apaisée, harmonieuse, se diffuse tout au long des neuf titres d’un disque par ailleurs merveilleusement bien produit, une caresse pour les oreilles – si la part belle est faite à l’expérimentation, l’on a néanmoins la sensation que chaque son est à sa place, un travail d’orfèvre. Oh ? Do ? We ? Oh ! Do ! We !




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