Avant une rentrée musicalement chargée (le prochain Nick Cave !!! l’album d’Alan Sparhawk !!! le quatorzième Indochine !!! euh, je m’égare...), je profite des derniers jours de l’été pour me mettre à la page, jetant une oreille (parfois) distraite à ces disques à côté desquels il serait dommage de passer, tant les reviews furent, à juste titre ou non, enthousiastes. Par ailleurs, écoutant Big Swimmer et ne sachant rien de King Hannah, je me suis amusé – tout en faisant le ménage intégral de ma cuisine au bord du gouffre sanitaire – à tenter de déterminer leur origine géographique. Pas évident. En effet, les onze compositions de leur second opus lorgnent clairement vers les States – country folk solaire (Sharon Van Etten s’invitant aux chœurs sur Big Swimmer et This Wasn’t Intentional ; il y a du Tarnation dans l’air), rock lo-fi (les guitares électriques crasseuses de la superbe ballade Suddenly, Your Hand), post-rock (le dantesque Somewhere Near El Paso), grunge minimaliste (Lily Pad évoque des Breeders shoegaze), inflexions à la Cat Power et réminiscences Velvet Undergound sur New York, Let’s Do Nothing – mais, tandis que je récure le réfrigérateur, un je-ne-sais-quoi m’empêche de trancher. Peut-être certains malicieux phrasés à la Wet Leg (flagrant sur New York, Let’s Do Nothing, un peu moins sur un Milk Boy (I Love You) plus proche de Sonic Youth), ou les références trop nombreuses, affleurant jusque dans les titres des chansons (New York, El Paso, John Prine), comme s’il s’agissait de surligner l’intention qui préluda à la confection de cet album : humblement je doute et donne ma langue au chat. Ignorance sans importance, vous me direz, l’album est excellent, aussi bien dans sa production brute et néanmoins précise, qui offre un bel écrin aux voix et aux guitares, que dans son interprétation ample, paradoxalement bruitiste (la distorsion cheap, un régal reposant) et feutrée, teintée de blues et de jazz. Verdict : Hannah Merrick et Craig Whittle sont originaires de Liverpool, mais aucune goutte de Beatles ou The Coral dans les veines, non, no pop, no pop for the king. King Hannah nous convie à une passionnante traversée de l’americana underground et signe, avec Big Swimmer, le genre d’opus apaisé et vénéneux vers lequel sans nul doute l’on reviendra en fin d’année, lorsqu’il s’agira de confectionner les fameux top que tout lecteur d’ADA qui se respecte attend impatiemment pour se forger un avis. PS : oui, je suis taquin, et oui, mon réfrigérateur est désormais nickel, et oui, j’adore ce disque.