Trois années ont passé depuis la parution, quelques semaines avant la crise sanitaire, de leur premier et prometteur EP, The Part Where It Kills You. Résultat des courses, accueil critique positif mais niveau concerts, le point mort. C’est donc un quintet volontariste qui revient vers nous, avec le EP A Cure for Madness, publié par le label Araki Records. Ne vous fiez pas au morceau Picture Perfect Day et à son clip, dans lequel les musiciens de Torve jouent de la guitare acoustique, c’est une faute piste, faites plutôt confiance à la pochette signée Grégoire Veauléger – un gorille badass tient entre ses mains une jambe humaine semi-dévorée, et au bout de la cheville, une Converse, et le gorille semble nous dire qu’on n’est pas là pour rigoler, non, vraiment pas, bande de freluquets. Aparté vidéoludique : entre le titre de la chanson inaugurale Oblivion Song et celui du EP, qui se rapproche de celui de la quête The Cure for Madness, présente dans le jeu Skyrim, les membres de Torve ne seraient-ils pas des aficionados de la série The Elder Scrolls ? S’ils nous lisent, je suis preneur de la réponse. Allez, ne nous dispersons pas : les Bisontins ont la dalle, et ça s’entend. Dans un registre hardcore / post-hardcore teinté de math rock et d’emo (chant crié, envolées de guitares électriques et rythmiques orfévrées), les six compositions de A Cure for Madness offrent à l’auditeur une bonne grosse ration de décibels et des digressions toujours étonnantes, tant les structures sont fluides et les arrangements inventifs. Mention spéciale à False Affordance qui se pare d’une étonnante touche mélodique sur la fin, rappelant les vénérables Dinosaur Jr., quand l’introduction de Decoherence évoque early Placebo, le hardcore de Torve se parant d’un certain lyrisme qui lui va comme un gant et par ailleurs illumine le dantesque The Missing Part, qui avec brio conclut A Cure for Madness. Essai transformé, on attend désormais l’album de pied ferme !