Le réel (ou l’esprit) est trop étroit, les premiers écrits humains narrent avec peur et gourmandise un rapport au monde bien complexe – la mythologie, la religion, le paranormal, la science-fiction, le virtuel : tout est bon pour éluder une véritable réflexion sur notre sort de bipède sans transcendance, et on voit actuellement fleurir les multivers mainstream, tels que ceux proposés par l’usine à rêves cheap qu’est Hollywood.
Après « Réalité augmentée », publié en juin 2021, chroniqué en ces pages et dont le morceau « Lâcher prise » figurait sur le volume 58 de nos admirables compilations, le duo nancéien Death By Selfie, toujours aussi taquin lorsqu’il s’agit de moquer l’époque – acte O combien politique quand on constate que la critique, même amusée, des travers, des espérances, des horizons sans saveur de nos congénères est devenue délicate, puisqu’il est désormais hors-de-question de secouer convictions, sensibilités et santés mentales sur le fil du rasoir –, revient avec « Multivers », un nouvel EP funky à souhait, entre électro-clash, french touch et disco new wave, sur lequel glissent, dans la langue de Houellebecq, des mélodies et des paroles franchement réjouissantes ; on sent que Stan et Harald s’en donnent à cœur joie et cette fraîcheur est communicative, à tel point qu’on les imagine bien, à travers le temps et l’espace, mordiller les mollets des fâcheux qui refusent de danser.