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J’avais laissé les Arctic Monkeys sur le bord de ma vie d’audiophile dès leur premier EP, qui contenait le fameux « I bet you look good on the dancefloor », que j’avais acheté à la FNAC de Saint-Lazare un après-midi où j’étais bourré, suite à un déjeuner qui s’était sacrément prolongé (coucou Élise !). Je me souviens de la pochette, plutôt cool, et du buzz lié aux découvertes Myspace de l’époque, dont une certaine Lilly Allen, que l’on imaginait libérée de tout et qui a néanmoins suivi les préceptes de sa caste - débauche mainstream oublieuse d’écrire de vraies chansons à l’appui. Myspace a coulé, dommage, c’était pas mal, j’ai découvert une tonne de groupes géniaux, dont les filles de Eagle And Talon, qui m’avaient contacté pour les faire jouer à Paris, dommage, ça n’intéressait personne.

Un soir, à Conflans-Sainte-Honorine, j’avais filé ce disque à un jeune voisin qui m’avait filé à la place le dernier Evanescence, qu’à ma grande surprise je n’avais pas trouvé abominable. On se prêtait des trucs, moi Test-Icicles, lui du Korn, et c’était marrant, du haut de notre différence d’âge. Sa mère était tarée et le réveillait la nuit pour prier Jésus, je me disais que le rock allait le sauver.

Un peu plus tard, après une fructueuse collaboration avec Miles Kane (franchement, The Last Shadow Puppets, c’était écoutable), Alex Turner s’est transformé en mini Joshua Homme, coupe de cheveux vintage, cuir moulant et posture virile, sans l’animalité sereine et Brody Dalle à ses côtés : ridicule.

Ce manque de personnalité, de chien, d’angles, le poursuivra toute sa vie, jusqu’à ce nouvel album au nom anecdotique (« The Car » ???), le septième, et dont je suppose que la terre entière se contrefout. Mais que peut-on attendre d’un gamin banal qui a grandit dans une banlieue banale de Sheffield ? Toujours votre background – ici, l’absence de background – vous rattrape.

Et donc se poser en crooner, à la voix faussement feutrée et malheureusement sans relief, de ballades rock soul lounge parfois funk, invoquant Burt Bacharach et Ottis Redding, c’est quoi le délire ? Vu que « The Car » est sorti le mois dernier et que je l’écoute parce que personne à ADA ne veut s’y coller, j’ai parcouru la prose de nos amis chroniqueurs français pour en avoir le cœur net : les intouchables Arctic Monkeys recueillent des louanges timides et très mesurées. Ici, ça parle de David Bowie, là de renouvellement salvateur et de la nécessité d’écouter l’album plusieurs fois pour en saisir la saveur, faut pas déconner. Le Monde : « (…) enfoncent le clou ». Le clou de quoi, du cercueil ? T’as des oreilles ? Ton journal vit de pub ?

Nan, franchement, ce disque est une purge, c’est mou, c’est chiant, c’est plat, c’est vide et mon avis est unanime, sauf que moi, j’écris pas pour un magasine qui se fait payer par des publicités : Domino Records fait de plus en plus de la merde, il faut l’admettre ; et c’est pas grave, à la fin le stade de football sera malgré tout rempli par des types bourrés qui voudront entendre « I bet you look good on the dancefloor », qui reste une excellente chanson.

Hier soir, je regardais le dernier film de Jason Statham (« Wrath Of A Man » - la bande son composée par Christopher Benstead est excellente, sombre, sournoise, tortueuse, et illustre à merveille ce film d’un Guy Ritchie certes médiocre mais toujours aussi doué dans l’écriture des personnages secondaires aux styles vestimentaires so british), dans lequel il y a un dialogue à propos de l’Arctique et des ours blancs qui y vivent. En gros, le réchauffement climatique, pas de bol pour les ours blancs, ils auraient du habiter l’Antarctique. Bah les Arctic Monkeys, ne sachant pas nager, périclitent sur leur banquise et il faudra une ONG rock – dont je ne fais pas partie – pour les sauver, Bono, à toi de jouer.




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