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Depuis 2019 et la parution, sur le label Sanit Mils Records, du EP « Élémentaire », Léa Lotz alias Bleu Reine poursuit son bonhomme de chemin, des trois volumes de « Sang d’encre » (disponibles sur son Bandcamp) à « La compile de Noël » (feat. Eskimo, Lonny, Sylvia Hansel, etc. et composée de reprises), destinée à récolter des fonds pour l’association Féminité Sans Abri. En plus d’animer une émission sur Radio Campus, l’aventureuse Léa – seule ou accompagnée, ou seule mais accompagnée d’esprits mélancoliques dont la discrète dérision lui permet de captiver son public – se produit en concert un peu partout, entre salles underground à la programmation sûre, show-cases, caveaux, théâtres, églises et cimetière, prenant le temps d’affiner les chansons de son très prometteur premier album (« La saison fantôme »), qui sortira l’année prochaine.

Évoluant dans un registre post-folk qui n’exclue pas les embardées électriques et les expérimentations, Bleu Reine plante le décor de « Comme un seul homme » dans la forêt de Compiègne, et plus exactement au prieuré de Saint-Pierre-en-Chastres, pour y tourner avec son frère Léo un clip en forme de mise en bouche, dont le premier degré – au milieu des ruines, se déroule une bataille contre soi-même, à l’issue de laquelle déposer les armes sera le meilleur choix que l’on puisse faire – est totalement assumé : esthétique médiévale, effets stylistiques, en miroir d’une narration évolutive, dont le chant poignant nous rappelle qu’un monde meilleur se dessinera à condition de miser sur l’altérité. Loin d’un cynisme facile trop souvent érigé en finesse intellectuelle, Léa et sa très belle profession de foi nous mettent du baume au cœur.