Le label berlinois Morr Music poursuit la réédition des œuvres du duo japonais Tenniscoats, collaborateurs occasionnels de Deerhoof, The Notwist ou The Pastels, et parrains défricheurs d’une passionnante scène expérimentale nippone - Saya Ueno ayant compilé les 26 morceaux de « Minna Miteru 2 », publié en septembre dernier. Après un subtil « Papa’s Ear » agrémenté d’un EP bonus, c’est au tour de « Tan-Tan Therapy » - initialement paru en 2007 - de se voir offrir une cure de jouvence, les deux albums ayant en commun une production signée par le trio folk post-rock suédois Tape.
Première trace discographique européenne de Tenniscoats, après une série d’albums sur des labels japonais et un « Live Wanderus » édité en Australie par Chapter Music, « Tan-Tan Therapy » se voit enrichi d’un morceau supplémentaire (« Good. B », son orgue Hammond et son invitée vedette - Kazumi Nikaido), disponible à l’origine uniquement sur l’édition japonaise.
Dès « Baibaba Bimba », incantation fantasia sur fond de cuivres joyeux et d’arrangements lo-fi, la voix de Saya fait des merveilles et nous emporte dans cette ivresse mélancolique jamais plombante qui est la marque de fabrique du duo. Nocturne et joliment funéraire, « Oetsu To Kanki No Nanoriuta » se laisse glisser dans un climat aquatique tandis que « Marui Hito » rappelle les dérives balnéaires de Crescent et « One Swan Swim » se rapproche des ambiances du mythique « Rock Bottom » de Robert Wyatt. Le pétillant « Umbarepa ! », fanfare minimaliste dans laquelle un espiègle glockenspiel s’amuse de disposer de tant de libertés, prend le relais, avant que les synthétiseurs planants de l’instrumental « Abi And Travel » plantent un petit clou dans nos cœurs attendris et que le vibrant « Rolling Train », tous de cuivres et de chœurs mortuaires, frappe de toutes ses forces et l’enfonce au plus profond de nos âmes. Tenniscoats a un talent fou pour faire vibrer l’auditeur au diapason de ses si sensibles compositions, « Tan-Tan Therapy » étant le genre de miracle pop au charme intemporel qui justifie notre amour pour l’underground et ses héros méconnus.