Avant toute chose, la pop music est une question d’alchimie – personne ne possède la formule gagnante, sinon quelqu’un ici bas sur terre serait number one depuis des décennies – et, à ce titre, on sait que le do it yourself, par éthique ou manque de moyens, couplé à de vraies bonnes chansons, peut faire des merveilles. Si, accompagné d’une guitare folk ou d’un simple clavier, ton morceau tient la route, alors c’est cool. On se souviendra qu’une des œuvres les plus marquantes de Nirvana reste leur « Unplugged in New-York », et l’indie rock des 90s n’était pas avare en mélodies mémorables, de Sebadoh à The Posies, en passant par Weezer et The Flaming Lips, toutes influences décelées dans le nouvel album du prolifique et décontracté Thoineau Palis, alias TH Da Freak, qui revient avec un « Coyote » planant et psychédélique, comme infusé sous un soleil californien réverbéré – à noter que le titre « Magaly Should Run » figure sur le volume 59 des compilations d’A Découvrir Absolument. Pour la première fois, le multi-instrumentaliste bordelais s’est adjoint les services d’un producteur, et c’est Stéphane Gillet (The Rest Of Alfredo Garcia, Pretty Inside) qui s’y colle, permettant à TH Da Freak de se focaliser sur la composition – entre ballades kaléidoscopiques (« Killing Bleach », ses harmonies à la Elliott Smith et son gros solo de guitare final), pépites slacker grunge (« Pretty Cool » rappelle Teenage Fan Club) et grisantes cavalcades kraut lo-fi (« Sail Away ») –, les 11 titres de « Coyote » formant un ensemble éclectique et néanmoins cohérent, qui rappelle à quel point Thoineau Palis – toutes guitares électriques au vent, ou pas – est un songwriter talentueux, dans la lignée des Mac DeMarco et autres Kurt Vile, héritiers d’une indie pop 90s certes fantasmée (tout n’était pas si bon) mais riche en mélodies enthousiasmantes. Pour une fois qu’à la fin c’est le coyote qui gagne, on ne va pas bouder notre plaisir.