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Si nous voulions résumer Adam and the Madams, et plus particulièrement "Almost !", il faudrait vous faire écouter « Meia Vida », interlude ne payant pas de mine, mais pouvant à lui seul donner une forme de clef pour comprendre l’univers particulier et ambitieux qui se cache derrière une nonchalance qui ne parvient pas à cacher son sérieux et sa maitrise. Car on ne s’attaque à deux monstres que sont David Bowie et le Velvet Underground, qui plus est via des Everest que sont « Heroes » et le gigantesque, pour sa construction et sa durée (Sister Ray) sans certes un rien de lâcher-prise, mais surtout une maitrise de son art. Car jouer avec des œuvres d’art est une chose, parvenir à presque sublimer celles-ci (avez vous déjà entendu une version aussi forte que celle du « Heroes » ?) en est une autre.

Si le groupe n’invente rien, il passe la musique pop rock à la moulinette, jouant avec les sons et les constructions implacables, comme un savant fou joue avec des fioles dans son laboratoire, mettant sur le même plan la recherche sur un maléfique virus que celle sur pourquoi quand je souffle dans un ballon de baudruche et que je dégonfle le ballon dans ma bouche, et bien je ne gonfle pas ! Pas vraiment érudite, mais pas aussi iconoclaste que pourrait le laisser entendre la pochette, la musique de Adam and the Madams est capable des prouesses les plus insensées, comme envoyer des pistes du "National Anthem" de Radiohead se faire fracasser contre un mur de poésie. Car tout est ici poétique. La démarche. Le contenu. Le savoir-faire. Tout est poésie, sans rimes riches, mais avec des constructions telles que nous pouvons l’affirmer, Adam and the Madams est le premier groupe de chansons calligrammes. Ces calligrammes sont réalisés grâce à un trait continu s’octroyant le droit de quitter sa droiture pour des courbures et des arabesques.

Savamment produit, le disque est un instantané qui toucherait presque la perfection, car nous savons que le but n’est pas de l’atteindre, mais peut être plutôt de la fuir pour la prendre par surprise, à rebours. Le meilleur groupe du monde est français, et même lui ne le sait pas, trop occupé à réinventer et déstructuré avec un air hilare, pour s’occuper des contingences de traces ou de places dans le grand échiquier de la musique pas comme les autres. Phénoménal.




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