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4 ans après l’excitant Mouvement qui leur valut le surnom d’Arcade Fire français, le groupe-orchestre rennais Mermonte est de retour avec Variations, qui s’annonce déjà comme un des grands crus de cette année et le compagnon idéal de l’automne.

Ghislain Fracapane, leader de ce collectif à géométrie variable, avait d’abord en tête d’écrire tout un album autour d’un leitmotiv mélodique qui serait arrangé différemment sur chaque titre. De cette idée, ne restent que les trois instrumentaux variations I, II et III (qu’on retrouve en introduction, au milieu et à la fin) qui servent de fil rouge au disque et lui confèrent une dimension cinématographique à la Morricone (période The Thing) ou Schiffrin.

Après donc une courte introduction qui plante le décor, on attaque très fort avec l’explosif Consume puis It won’t last long, le premier single qui devrait élargir l’auditoire du groupe par son efficacité redoutable. Synthés entêtants, guitares altières, mélodies imparables font la synthèse de ce que cherchait à faire Ghislain sur cet album. Un song-writing plus simple, sur des rythmes complexes. Pari réussi sur Animals que ne renierait pas Damon Albarn et qui rappelle les plus belles heures de la brit-pop. Rythme interdit, seul titre en français, est un joli clin d’œil à Stereolab et sa chanteuse Laetitia Sadier qui fut aussi une des voix du groupe sur leur précédent album. Naviguant entre pop symphonique décomplexée et post-rock énervé, Variations garde le cap. Les textes dressent un état des lieux pas reluisant de nos sociétés modernes, marquées par la fin de l’abondance mais la nécessité de posséder pour exister, les relations hommes/femmes, et l’humain tout court.

Disque cathédrale, Variations est ample sans être grandiloquent, bavard sans être verbeux et évite l’écueil de ce genre de projet qui tend parfois à basculer dans la surenchère ou la démonstration. En 32 minutes de dédales rythmiques, fausses pistes mélodiques, détours électroniques et tourbillons vocaux Mermonte dit tout, sans le hurler.