Le confinement a eu des effets divers. Nous pensions que ce temps libre offert devait être une forme d’ilot inespéré pour la création, que nous allions tous pouvoir écrire, créer. Sauf que la liberté de ne rien faire de ne pas travailler n’est pas un havre de paix quand celle-ci est l’effet d’une pandémie. Ne nous attendons donc pas à une déferlante d’offres artistiques magnifiant cette période de la terreur sourde. Jérôme Amandi aka Talisco n’a pas chômé pendant cette période, mais plutôt que de se lancer dans l’écriture d’un quatrième album, il a décidé de revisiter son répertoire mais pas dans une version unplugged,

Plutôt que d’enrichir les titres, il a voulu gommer certains tics de production, enlevés des arrangements, ne mettant pas les chansons dans le plus simple appareil, les habillant autrement. Cette démarche pouvait être risquée. Elle pouvait à l’image de certains live de MTV nous démontrer que certains groupes n’avaient qu’une chanson en magasin, le reste du succès étant dû à une production aussi alléchante qu’une tête de gondole dans un supermarché.

L’autre écueil pouvant être la démonstration que la production des albums d’origines était une erreur. Miracle ou pas, rien de tout cela. Cela pourrait même réconcilier les fans et ceux qui font toujours la fine bouche au sujet de Talisco (dans un style, totalement diffèrent, je vois la réception du groupe aussi froide dans le milieu indé qu’a pu l’être celle de Kat Onoma à son époque, sauf que Talisco a depuis longtemps au moins percé les murs en rentrant chez tout le monde via la publicité). Jérôme Amandi nous démontre une écriture pop parfaite, tout à la fois directe, mais aussi suffisamment fureteuse. On notera « The K2 » relecture de « the Keys » supérieure à la version originale ou encore « You Wish » qui sans perdre son gimmick accrocheur, gagne une épaisseur gospel qui sied parfaitement à ce titre qui mériterait de ne jamais finir.

« Inner Songs » est un exercice de style réussi d’un compositeur qui se projette dans un diaporama où les hauts plateaux et les cités de la cote Ouest des Etats Unis remplacent nos contrées, c’est peut-être ce qui cloche entre Talisco et la France. « Inner Songs » ne changera probablement pas la donne, sauf que maintenant, personne ne pourra dire qu’il ne savait pas qu’une véritable plume pop rock existe chez nous.