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Il y a une dizaine d’années The Somnambulist participait à une de nos compilations avec un titre tiré du premier album du groupe, « Moda Bordeline ». Depuis Marco, Thomas et Leon ont sortis deux albums, « Sophia Verloren » et « Quantum Porn ». Avec ce nouvel album, « Hypermnesiac », le trio ouvre une nouvelle décennie calendaire en fermant une première décennie de création, mais surtout signe probablement son album le plus abouti en terme d’écriture et de production, une plongée dans ce que le groupe tente le plus de maîtriser, la tension. Les sept morceaux sont autant de propositions uniques faites par le trio, et le ton est donné dés le "déclamatif" « Film » titre dans lequel un piano résiste à un pilonnage en règle, ses touches comme le capteur de la puissance de la tension qui traverse un titre ample mais jamais emphatique. Avec « No Sleep Until Heaven » le chant de Marco Bilanciardi dégage une puissance étonnante, passant d’une gamme présente au Helfest à un chant plus propice à un rock érudit et lettré d’un New York qui aurait migré loin de l’époque castratrice du numérique. Car la musique de The Somnambulist est aussi sexuelle que cérébrale, sachant se plonger dans un univers plus pop (« Doubleflower » ou l’entêtant « No Use For More » ) y mettant le même souci de la précision, tutoyant même les sommets de libération du corps du Liars séminal dans un « At Least One Point at Wich It Is Unafathomable », comme si les Sparks se voyaient lancer dans un tunnel traversant l’after-punk.

« Hypermnesiac » en est impressionnant, ne gâchant pas une seconde (la maîtrise de « Tom’s Still Waiting » comme un cours magistral), même sur les plus de huit minutes de « The Thousand Miles », titre où le jazz part en escapade avec excitation et la peur au ventre, et comme la peur n’évite pas le danger, le souffle qu’il finira par développer ne pourra qu’exploser face à la tension électrique que le groupe proposera.

Un quatrième disque comme une pièce indispensable, et pas seulement de la discographie du groupe. The Somnambulist nous prend à témoin en signant un très grand disque à l’esprit chevaleresque.