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Année dure, très dure, pour la disparition de Philippe Pascal, voix tatouée sur tous mes mots, Laissez-moi donc, avant de commencer par le numéro 1, poser quatre numéros inexistants, un pour Marquis de Sade, un pour Marc Seberg, un pour Philippe Pascale, et un pour le Blue train choir, et gravez´les dans vos agendas des prochaines années, ad vitam aeternam.

Etrangement, cette année est aussi l’année de l’or noir, je ne pensais pas, dans ma petite jeunesse européenne citer deux artistes au sang africain comme référence de ce laps de temps, bien sur j’adore Motown, je susurre souvent Scott Héron et Garland Jeffrey, j’ai comme tout un pan d’oreilles des eighties chaviré sur Seal, je connais mes classiques, Marvin surtout mais jusqu’ici, aucun ne m’avaient marqué au fer rouge (Ghostpoet fut a deux doigts) , assez pour leur dédier mon année. Le pâle Nick et la Blonde Watine (au sein du complexe Phos), la Walkyrie Olsen et la racée Sharon ont équilibré cette invasion émotionnelle, et le sang nouveau et puissant de Kolars et Tchewsky c’est mêlé durant cette année avec la délicatesse et poésie de Sarah Amsellem, c’est un sang d’enfant en pleine croissance. Ne seront pas cités, mais ont été là cette année la violence canalisée d’Alex Cameron, la voix fiévreuse de Marlon Williams, l’élégance de Jean-Louis Bergère, l’éternité de Bashung, la découverte d’Arvo Part, en fait, une année sonore des plus variées, bon symptôme. Mon bilan est donc le suivant, je l’ai retrouvé dans beaucoup de web et autres medias, mais la vérité des chairs de poule a parfois la délicatesse d’être à l’unisson. C’est là, pourtant signe de peu d’éclats dans cette année, beaucoup de bonnes choses, mais peu de plus ultra, beaucoup de feux, mais très peu d’incendies. Ici auraient pu entrer La féline, San Carol, Proksima ou Interpol, et bien d’autres, plus ou moins connus, mais un bilan doit être succinct, que me pardonnent ces absents que j’adore pourtant.

1- Michael Kiwanuga : A chaque disque il s’approche plus de l’olympe, si « Love and hate » m’avait bouleversé, cet homonyme troisième disque est un envol total. Son fond révolutionnaire, sa voix héritière d’une tradition éternelle, son art de faire que le simple transperce l’adamantium, cette idée d’une musique directe mais intense, dont la production intelligente a posé les graves sur les lèvres de la plaie, fait qu’une idole naisse, a feu lent mais brulant, et l’on en reparlera dans cent ans.

2- Fk Twigs- « Magdelene » a quoi ressemble le chaos de la chair, quel est le son de la douleur, comment est cette mélodie qui se répète sans cesse dans notre inconscient qui se cherche, oui, quel est le son, le chant intérieur, Quelle est la voix de la lumière. Vrai qu’au début je trouvais cela sans sel, endormis, mais quand « Celophan » vous prends de plein fouet en fin d’écoute, tout le reste prends son significatif, sa raison d’être, son histoire, il faut écouter ce témoignage avec douceur, avec le cœur, avec les veines.

3 - Nick Cave « Ghosteen » le pardon, le pardon est sans doute l’acte humain le plus humain, et le plus divin, oh rien de facile, ce n’est pas inné, c’est une volonté, un pouvoir qu’a le cœur sur l’esprit. Combien de temps a nécessité Nick pour pardonner a la vie, le temps de ces chansons, véritable remise sur pieds de la ruine, pensées d’une beauté défigurée mais présente, pensées d’un éveil bien après les eternels sommeils, pensées d’un homme a genoux, mais illuminé par l’amour-

4- Angel Olsen « All mirrors ». Madame c’est enfin décidée à être elle, libre de quelques abandons a la facilité, libre de ces colères mal canalisées qui la rendait belle, mais pas fatale, elle a trouvé le déclic qui fait que les bonnes chansons deviennent sublimes, avec encore une marge de progression intéressante, c’est pour ce futur qu’elle est a cette place de mon classement.

5- Phos « A l’oblique » Ce disque, véritable art a part, est né dans des voyages aller-retour entre ténèbres et lumières, et si je ne peux être objectif face au talent de Madame Watine, puisque je suis imbibé de ses quêtes jusqu’aux ongles, je peux tout aussi m’offrir la liberté, vu qu’ici il s’agit d’une chimère a deux tête, de parler et juger de cet ensemble éphémère nommé Phos qui a bouleversé les concepts de sensations que j’ai appris depuis cinquante ans, cette Poésie, parlée entre arrache cœur et bonheur, posée sur cette Musique entre confins jamais atteint ni a atteindre, me rééduque la chair de poule me réincarne au niveau ressentir, véritable objet d’art, limbe de beauté, un laps de temps suspendu outre-vie.

6- Sharon Van Etten « Remind me tomorrow » Somptueux et poussiéreux a souhait, plus direct qu’un dard de Myke Tyson, la musique de Sharon, certes plus Springsteen que Dylan, atteint enfin l’objectif de ses fanatiques, ce climax de disque rond, compact, clos et indestructible, capable de toucher la fibre sensible du vieux rockeur et de donner la chair de poule au puéril hipster, un de ces disques fantastiques où il est impossible d’omettre un seul titre, sinon, ça cloche, ça boite. Cette Sharon là a cessé d’être celle d’un sud ou d’un nord, elle a trouvé sa place exacte, partout, l’universalité est un talent qu’elle a acquis, souvent cruellement, mais une fois appris, comme la bicyclette, ça ne s’oublie plus. C’est de loin le disque que j’ai le plus écouté cette année, simplement parce qu’il plaisait a tous ceux qui vivent sous mon toit, et cela est un exploit.

La féline. « Vie future » Il y a un symptôme qui évidence le pouvoir de la féline alias Agnès Gayraud, c’est que plus que s’impatienter d’elle, on trépigne rapidement de n’avoir rien de neuf à se mettre sous la dent de cette demoiselle. Agnès a le don d’être là où il faut au moment idéal pour que fleurissent nos feuilles, comme une saison au jour même de l’équinoxe, là, mais toujours décalée, toujours en avance sur le lendemain, toujours en marge de ce qui se doit d’être, a côté de la plaque avec bonheur (et sagesse, et intelligence, et art) une rebelle a sa manière dans cet univers de la musique. Le thème est toujours nouveau, puisqu’intime, inabordé de telle manière, et abordé de si belle manière, sans caresser dans le sens des poils, comme un piaf pris en plein vol, comme une balle perdue, encore une fois, elle nous provoque l’impatience du prochain pas

8- Weyes Blood « Titanic Rising » Enfin assez sombre pour être lumineux, Ce nouveau cadeau de Natalie Mering aka Weyes Blood c’est centrée, a laisser ces jeux d’enfance et entre dans l’adulte de l’art, puissante, gênante et bouleversante, tout ce qui rend attirant le son, tout ce qui rend excellent un travail

9- Sarah Amsellem. « Miracles » J’ai suivi les petits pas de cette frêle puissance depuis peu, et ne peux décrocher désormais mes instants de ce petit disque nait lentement, a feu doux, sous l’épiderme. Entre fragilité et puissance, la délicatesse et élégance, la naturalité, la simplicité des propos, arrivent a créer dans les compositions oniriques et soignées le son exact de l’émotion, un premier grand pas vers l’art, et un souffle tant agréable dans les grisailles, de ces petits moments sonores qu’il faut s’offrir au calme, assis, un thé, un café, ou un amour a côte, quelque chose proche de la paix, a deux doigts de la magie.

10- Kolars Peut être que dans ce besoin de toujours équilibrer la valse et le tango, la tristesse et la joie, le calme et la guerre, je suis tombé sur les ébouriffés de Kolars presque comme l’on se trompe de rue, bel hasard qui m’a fait découvrir ces deux musiciens qui voyagent en territoire rock, l’un armé d’une guitare acide et l’autre, dansant charleston (directement) sur ses futs de batterie, spectaculaire, vivifiant et de plus, bien moulé. Chansons brèves et énergiques, faciles d’enregistrer dans nos subconscients et d’imprimer a nos hanches, et ce grain de folie qui répare les lacrymales en un tour de main. Si pourtant on ne peut parler de disque, vu que le duo fait dans les petites doses, on peut s’empiffrer d’une tonne de bons singles.

11- Tchewsky and Wood “Live bullet songs” Si il fleurit en France une nouvelle vague de chanson française propre, poétique, sensible, il nait sous le plâtre une autre scène (équilibre, quand tu nous tiens),puissante, racée, sauvage, surréaliste et arrogante dans son envie d’échapper au normes, cette contre partie, ni pire ni meilleure, a en Tchewsky & Wood une de ses magiques surprises, son « Lion » devrait être cité dans toutes les ondes, comme une offrande a l’art, cette pincée de poivre sur la chair, cette étincelle avant tout feu, cette nouvelle magnitude sur l’échelle de Richter, disque somptueux, ose, romantique et muscle, un must.

12- découvertes électroniques : Manchild - You vicious. Dans l’électronique il semble que tout soit dis, on dit l a même chose du rock, pourtant, chaque jour le rock a des héritiers, et chaque nuit l’électro offre son héritage. Cold wave, Darkwave, technopop, la prochaine vague aura d’autres noms, et ces deux bands y auront leur place

13- découvertes acoustiques : The marshals - Adam Wood - Twin oaks sont de ceux dont les racines sonores vous animent l’âme

Mention spéciale, puisque ma vie en Ibérie me le permet, pour le travail surprenant du groupe Rufus T Firefly, psychodélie puissamment rock et intelligente




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