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1 Editors “In dreams”

Parce que voila, parce qu’il n’y a pas de suffisance dans les mots, c’est un mérite, je suis fan intraveineuse depuis leur début ce qui m’en fait encore plus dure toute critique, il est dur de parler de leurs maladresses (rares, il m’en coute) et de ne pas crier leurs bontés. Il est tout aussi vrai que je m’enflamme a chaque nouveau paquet sonore de Tom Smith et ses sbires, parfois flammèche, parfois l’incendie de Rome, mais voila, ils sont ici, brasier, vêtus des habits de cérémonies de mes dieux sonores. Parce que depuis cette première plage du « Still haven’t found.. » du Joshua Tree et du Piano de Pascale sur « Recueillement » aucune autre intro était venue se graver si profondément dans mon âme que ce grandiose « No harm ». Ils sont antidote aux plaines, religion aux émotions. Simplement parce que c’est la voix qu’il me faut, la densité qu’il me faut, cette fréquence qui explose mes verres, l’émotion que je me dois. « In dreams », précieux, nerveux, intelligemment commercial, sournoisement hors-normes, incapable de lasser, un disque dont chaque sillon est cicatrice autant que semence, fait d’hymnes pour nos moments, un aliment a nos famines.

2 War on drugs “Lost in the dream”

Jusqu’a en rayer les diamants, laisser prendre la poussière tous ces autres vinyles, jusqu’a en peindre les Oreilles de mes proches comme dictateur tourne-disque, jusqu’à tout je l’ai écouté et l’écoute jusqu’à la satiété, qui n’arrive jamais. Ces longs thèmes à fleur de temps, fignolés par vents et larges steppes, si bien ficelés, qui lorgnent l’Amérique intime tout en cherchant ces engelures nordico-Européennes, sont un travail d’Atlas, d’un maigrelet musicien qui se couche avec ses émotions et lui fait des infidélités avec la passion. Ces plages allongées où chacun tôt ou tard trouve son plaisir fait de ce disque un recueil de routes à rouler entre rebelles sales et trop propre driver, ces voyages entre nerfs et songes. Un disque pour intimes légions, fort dans les bars minimes et puissant dans les stades infinis, un disque sans temps, qui ne peut ni ne sait caduquer, brillant, qui passe comme bourrasque chaude sur les terres gelées, comme un état d’âme bienheureux, un pur plaisir.

3 Jabberwocky “Lunar lane”

L’un des dernier joyaux de l’année, un disque étriqué, dont l’air électronique naïf endort la proie et le venin rock l’achève. Un travail autant visuel que sonore, un disque intrigant, obsessif, qui pénètre dans des fines gouttières et fini en déluge, dont chaque thème se murmure inconsciemment à toutes heures. Œuvre a la loupe, étudiée jusqu’au détail invisible, qui laisse un arrière gout capable de devenir gout habituel de nos palais et langues, une recommandation et une bombe en puissance, sournoise, curieuse, acide, qui bouge autant vos tripes que vos pieds.

4 Birdpen “In the company of Imaginary friends”

Monsieur Bird et Monsieur Pen sont venus flirter leurs nostalgies parfois mystiques sur des chaises modernes qui semblent désormais trônes, magnifique livre sonore de petites narratives courtes, soufre et coton, Bird et Pen sont des messieurs obscurs qui produisent de la lumière de luxe, et engendrent de leurs regards des perles que l’humanité envie. Disque arrache peau et rituel, doué d’un équilibre terrible entre réel et au-delà, qui s’écoute d’un trait, trait de flèche qui transperce. Je répète, disque de luxe, trésor à protéger.

5 Filip Chretien “Traces”

J’insiste souvent sur le fait que vivre a l’étranger agrandi la notion de culture native, on ne ressens pas la musique ni les films ni les livres en français de la même manière quand on vit depuis plus de vingt ans ailleurs, a n’entendre parler qu’espagnol. Il s’y ajoute une patine de nostalgie qui donne des grandeurs aux plus banales rengaines, ce qui fait des ces Aznavour, Piaf, Brel, Souchon et Cia. des émotions au cube. Il en est de même avec les jeunes pousses, que l’on reçoit, je crois, plus facilement, qu’on accepte dans notre lointain alors qu’ils sont peut être variété normale dans vos proximités, cette chanson française qui passe parfois invisible a vos côtés, alors qu’elle se revêt d’habits de rois dans les lieux d’ailleurs. Ecouter le Local Rock de Charlelie ou By Proxy de Bashung dans le métro de Madrid et le son se colore autrement, et les yeux expriment différemment, et tout change, Watine, Stigman, Dominique A et Daho, les Manset et les Yves Simon, détruisent l’ici et bâtissent des là-bas a tour de bras. Filip Chrétien est là, dans sa grâce, sa luminosité, sa simple emprise sur les jours migrants. Filip est une caresse de la nostalgie sur les vides qui s’empilent parfois en terre ibère, l’absence de cet accent dans mes oreilles, Filip est cet aventurier sans frontière qui fait que sous mes pas le bitume espagnol redevienne fougères, il a la quintessence des petites beautés qui jalonnent la culture de ce pays, l’héritier des poésies fragiles, ce golem fait de choses simples, cet entité fait de nos verbes. « Traces » est un bout de patrimoine du cœur, un morceau de racine de ces saules pleureur du jardin de mon enfance, que je plante et replante dans cet appartement loin de tout. Attention, Filip est numéro 5 de mon top, non seulement pour tout ce que je viens de dire, sinon qu’en plus, il a du talent, rien de mieux.

6 Baltazar “I & II”

Parce qu’étrangement, je ne m’attendais pas a ces atmosphères au sud américain, et que j’aime qu’on me surprenne, et que les textes sont très bons, les sonorités sont millimétrées pour créer une ambiance de « Jour des morts » mexicains denses et remplis de lueurs, un travail d’équipe réussi par des unités éparses et surtout, surtout un futur prometteur pour un continent qui a dans ce style un énorme creux a combler.

7 Other lives “Rituals”

Sur le sentier des rêves, ce groupe est une promenade onirique dans un défilé, demi-mètre de chemin, d’un côté le mur brulé par des soleils, de l’autre l’abîme de la falaise, le vol plané. Et sur ce cheminement, Other lives, sans savoir si ils sont chamans ou psycho killers, ils nagent dans des ambiances où il nous est facile de sombrer, font briller des or dans les voutes célestes et nous retiennent a terre. Ritual est comme créer d’insupportables envies impossibles a atteindre, mais qu’ils approchent de nous de chansons en chansons, nous faire sucer la dragée et ne nous en laisser que le songe, un funambulisme calme, aérien, des touches de grandiose, et un professionnalisme acquis depuis leur fabuleux premier disque qui n’a fait qu’ajouter de l’intérêt et de la richesse, un bonheur a écouter en solitaire dans des pièces obscures où au bord de falaises.

8 Watine “Atalaye”

La douceur est une sensation chaude et froide, qui se propage en phrases, verbes et adjectifs, autant qu’en sons, pianos et voix. Ce disque, beau comme un regard sur les ciels d’Aout d’années en années d’un corps léger couché sur l’herbe, sans temps ni gestes, Atalaye est une éclaircie de petites joies, un espace bleu entre les nuages, un instant hors du moment. Il y a des fines tristesses et des vols migratoires, et puis il y a des sourires et des retours, il y a de tendres bonheurs, le contraste ciselé à la plume, la fine pellicule de l’équilibre posée sur le cœur. Atalaye, disque pour s’évader au-delà de soi, voyager vingt ans en arrière, quelques pas en avant, retrouver le premier baiser, la chaleur sous le pied des sables de dunes, les petits bonheurs.

9 Loa Frida “Pop fiction”

Parce que j’aime ceux qui osent, sans doute parce que je n’ose jamais, parce que j’aime cette idée, cet artisanat du bon, cette envie de colorer les noirs, de créer la différence, d’essayer, de tenter. Quand en plus de cela, le résultat est succulent, alors il y a du plaisir. Loa Frida, de plus, est de ces groupes généreux, qui n’hésitent pas à régaler leurs efforts, l’objet, parce que dans ce métier il faut aussi tenter le diable et frapper aux portes. Je les remercie d’ici pour avoir frappé à la mienne. Leurs sonorités joueuses entre clairs et obscurs, le traitement magnifique de la voix, l’idée même des compositions et l’image donnée sur scènes (je vous invite à les regarder) relèvent du plaisir qu’ils ont à fabriquer l’illusion, a chercher la perfection. Une approche onirique de la musique, une touche baroque a la par que surréaliste, de petites œuvres d’art pour musés sonores.

10 Inga Liljestrom “ We have tiger”

Au le beau voyage, voici le disque le plus “visuel” de cette année, une description sonore de lieu-dit, de vents et d’averses, une road-movie immobile, un large passage d’une émotion de plaine a une sensation de fleuve, un parcours d’une montagne de bien-être a un ciel de venins. Inga et son acolyte de véhicule Michael Lira tissent des films sans pellicule d’espaces lumineux et étranges. Disque donc pour bouger sans partir.

11 Half moon run “Sun leads me on”

Idem que pour War on drugs, ce disque est une hystérie interne, un plaisir auditif, un album de musiciens qui se plaisent dans leurs musiques, qui jouissent de leurs instruments et des contes a narrer, peut être plus costaud que les war, peut être plus acides, plus secs, mais ces ceux-là se nouent dans ma chaumière, car ils jouent et rejouent, passent et repassent sans cesse sur mon bouffe-disque, pour ce que j’ai dit auparavant, pour le plaisir sans intellect, sans chercher les ceci -cela et causes-effets, simplement, ils plaisent, easy-listening sans complexe et composé a souhait, une merveille de bon moments.

12 Liesa Van der Aa “Whot”

Soyons bref, Liesa est là pour l’aura de froideur et de plaie qu’elle distille, qui baigne dans le spleen et le mystique, mais projette depuis son puits des lumières hypnotiques, une démarche différente de créer de l’art, une manière différente d’utiliser la musique, organique, sans calcul, utilisant pour chaque propos ses sonorités classiques où ses techniques électro, le temps de vous envoyer en l’air dans des dimensions méconnues.

13 Daho “L’homme qui marche"

C’est un peu le prix a la trajectoire, aces décades dans sa lumière, faisceau lumineux qui uni rockers et popeurs, et puis Daho est une génération de la culture musicale a lui tout seul, parce que Monsieur est un hymne, un hommage aux années Rennes autant qu’aux rives gauches jazzies, un polaroid de cet âge de folie belle, de déraison douce, une photo de classe faites de petits géants, certains ont disparus, lui, est resté avec leurs cartables et leurs leçons, Daho est un tatouage de ces combattants de la première heure, de ces gens modernes. Il n’est pas seulement l’hymne, mais en plus il est l’exemple. Mettre dans un top d’une année un Best of qui s’étend sur presque trente ans c’est dire de l’immortel talent de ce monsieur, parce que du principe au présent, il est resté debout, et il marche, l’homme, il marche dans sa carrière parfaite, dans la satori simple et sereine. Daho, le chic d’un Ferry belle époque, la douleur masquée d’un Reed sombre, dandy rempli de l’ADN de la grande chanson française qui fait que chaque chanson est un moment notre, chaque album une biographie de nous, et le tout un livre ouvert de nos vies martiennes.

14 Warehouse eyes « Prism »

Je viens de découvrir cela, et tout simplement c’est resté en ritournelle dans ce petit crâne, rien de neuf, les Florences and the Machine, les Lykke Li et autres voix trempent déjà leur pain dans ce thé là, mais voilà, deux jours après l’écoute d’un seul titre, j’ai un terrible manque, la drogue sonore a fait un effet puissant, le choc est beau, bien sur j’attendrai d’en attendre le contrecoup, mais l’impression primitive est dévastatrice. Voix de cristal épais, sons électro-rocks et spleen de fond, tout ce qui me plait dans cet Ep.

15 Stigman “Fathers”

J’avais adoré son précédent disque, mais sur celui-là j’ai découvert son humanité, et sur ce disque je me suis entre-aperçu. Malheureusement, lui et moi nous avons cette année partagé le dur moment d’un départ, de là (et de son art) l’importance de le citer ici, parce que les mots qu’il chante sont ceux que je répète à l’image que je garde de mon père, parce que ses sensations posées en notes sont ces soupirs, soubresauts et légers sourires entre vagues larmes, et que ce disque hommage, tout simplement, est celui que j’aurais aimé composer pour lui.




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