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2nd jour de festival et changement de repères. Nous avions l’habitude, les années précédentes, de démarrer tranquillement la journée au café central devant une petite pêcheur (une bière Fischer quoi !), tout en écoutant un son électro programmé par les Rockos. Las, las, notre QG habituel est fermé pour travaux, nous voilà tout déboussolés, on prolonge la grasse mat’ et on attaque la journée de concert en début d’après-midi à la chapelle avec Marc Melià. La scénographie est simple, un clavier installé frontalement au public et des projections de formes géométriques sur un écran en fond de scène pour accompagner la musique électronique. Marc a un jeu de jambes bien rodé pour enclencher ses nombreuses pédales avec lesquels il boucle et triture le son en direct. Il superpose des couches de sons analogiques issus de son Prophet’08 pour créer une musique planante. Il créé des motifs, des textures avec une facilité apparente, les yeux fermés, tout en trippant et dansant assis sur son siège. Il ajoute sa voix filtrée au Vocoder de temps en temps, utilisée comme un instrument. Le concept de son concert repose sur les sons hallucinants générés par son clavier, tout un univers musical résumé à des chansons pour le Prophet, auquel il a consacré un album entier.

L’après-midi électro se poursuit avec David Chalmin que nous avions déjà remarqué par le passé aux côtés de Shannon Wright. Nous sommes forts curieux de découvrir le musicien en solo, avec ses machines et ses modules. Comme tout concert électro qui se respecte, des projections vidéo sont prévues, gérées directement par David lui-même depuis son ordinateur. Pas d’écran pour le coup, les images se forment directement sur le rideau noir et suivent la progression du set en intensité. David est pratiquement dans le noir au démarrage, éclairé par seulement 2 petites lampes de bureau, on entend des sons concrets, des oiseaux et l’on ne distingue que son visage et ses mains voltiger d’un bouton à l’autre. Il bidouille en direct les sons depuis ses boitiers analogiques, créant des ambiances qui se superposent aux programmations déjà présentes. On trouve le live différent de l’album, ce qu’il nous confirmera lors de son interview quelques heures plus tard. Il ne cherche pas à reproduire à l’identique ce qu’il a composé mais garde une part d’improvisation selon le lieu et son matériel. La 1ère partie du set, plus abstraite laisse place à une seconde partie encore plus envoûtante avec des rythmiques, des répétitions hypnotiques qui se mêlent à des sons plus légers, presque cristallins. Le son se fait plus ample, plus enveloppant, on se laisse porter dans les méandres des vidéos.

En fin d’après-midi, on découvre les belges de Uma Chine qui nous présentent leur projet au « Grand Manège », une salle d’exposition consacrée à l’architecture et à la rénovation complète d’un quartier. On reconnait la claviériste de BRNS qui est à la guitare et au chant lead ici, entourée de 2 choristes jumelles et flamboyantes devant un batteur, un bassiste et un clavier. Les 3 chants féminins sont tout en harmonies, elles s’entremêlent, se superposent, comme un instrument à part entière. On regrettera que l’acoustique du lieu ne nous permette pas d’en profiter autant qu’on le souhaiterait, noyées dans les réverbérations des instruments.

La soirée au Minotaure commence sur les chapeaux de roues, dans le hall, avec le power trio japonais Bo-Peep, et son rock méchamment rugueux. C’est une vraie bombe d’énergie, le punk sucré qu’ils distillent déménage direct et l’on ne peut que se laisser porter par ce flot de riffs. Le bassiste tient du pied la grosse caisse qui avance au gré des morceaux (en l’absence de tapis pour maintenir en place la batterie). C’est que la batteuse n’y va pas de main morte pour soutenir la pile électrique au sourire inépuisable de chanteuse-guitariste en front woman. Le public se rapproche petit à petit pour participer aux réjouissances, la partie est lancée.

On poursuit avec le ciné-concert « La Haine » porté par les anglais de Asian Dub Foundation, disposés de part et d’autre de l’écran. Le public s’assied pour mieux profiter de ce film coup de massue. Il faut dire que c’est un classique, Matthieu Kassovitz avait frappé les esprits à sa sortie et on retrouve les dialogues avec plaisir, entrecoupées des décharges soniques du groupe dub entre hip-hop et punk. Un message plus que salutaire qui fait du bien. On vous remet une tirade pour le plaisir : « C’est l’histoire d’un homme qui tombe d’un immeuble de cinquante étages. Le mec au fur et à mesure de sa chute il répète sans cesse pour se rassurer : Jusqu’ici tout va bien… jusqu’ici tout va bien. Mais l’important n’est pas la chute, c’est l’atterrissage ». Le set se termine par un morceau surpuissant du groupe pour préparer la transition aux concerts suivants.

Et c’est Mars Red Sky qui s’y colle et prend la relève après cette claque mentale. Le trio guitare-basse-batterie avait joué au festival il y a 8 ans et l’on avait aperçu également le chanteur-guitariste Julien Pras en solo en 2017. On retrouve sa voix d’ange, un peu à la Thom Yorke, sur un rock psyché lourd entrecoupé de solos. C’est leur 1er concert d’une tournée de 25 dates à venir.

Le concert suivant commence dans le noir avec une intro musicale pendant le placement et l’accordage des musiciens pour une mise en en scène réfléchie alors que la suite nous parait plus libre et fofolle (ouf !). Michelle Blades à la guitare et au chant est accompagnée de 4 musicien·ne·s pour une musique entre rock et ritournelles du passé. Son chant est très mélodique et barré à souhait, elle joue avec les effets avec deux micros différents. La bonne humeur est de mise avec des sourires échangés, des regards de connivences entre les musicien·ne·s. Ils/elles s’amusent et nous font partager leur plaisir. Son prochain EP sort en mars 2020.

Nous croisons régulièrement le nom de Flavien Berger sur les festivals ces dernières années, mais n’avions pas encore eu l’occasion de le voir, c’est maintenant chose faite ! Et le moins que l’on puisse dire c’est que le personnage est attachant. Seul sur scène au milieu de 4 fantômes mécaniques en robe de derviches tourneurs, son attitude pince sans rire et ses blagues font parties du show et sont attendues par le public qui interagit avec lui tout au long du set, l’appelant Julien Doré, ce qui le fait bien marrer. Derrière son attitude désinvolte, il maitrise d’une main de maitre ses bidouilles, se lance dans un solo free jazz avec le dos de la main sur son clavier, chante, lance ses samples avec un naturel déconcertant. On se laisse prendre à sa pop en français.

La soirée se termine avec les omniprésents sur les scènes de musiques actuelles Salut C’est Cool. On vous pose le décor pour ceux qui ne les connaitraient pas encore. Ils arrivent sur scène en trottinette, font tourner des rubans rubalise à la gym rythmique et sportive, dans une régression vers la petite enfance qui se retrouve dans leurs paroles : « ça sent la maison ». Ils invitent Flavien Berger pour un featuring, manière d’agrandir la cour d’école et sa récré. Les vidéos projetées finissent de nous ramener aux dessins animés, à l’insouciance à tout prix qui nous fait faire un grand écart avec le ciné concert « La haine » projeté quelques heures à peine auparavant. Les plus jeunes s’amusent, les autres s’ennuient ferme, choc des générations assurément. Allez les petits, c’est l’heure de souhaiter la bonne nuit, le marchand de sable va passer, rrrrronffffflll….




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