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Fraichement débarqués à Vendôme, nous récupérons notre hébergement avant de nous rendre au bar / brocante l’Espace 102 pour notre 1er concert des Rockomotives, dans une ambiance plus que feutrée, il n’est en effet pas prévu d’éclairage spécifique pour le groupe. Mais l’organisation s’est rattrapée sur le système son bel et bien présent avec 2 énormes caissons de basse (mais pas que), nous voilà rassurés. Arm vient défendre sur scène son nouvel album Codé tout fraichement sorti chez Yotanka, et commence la tournée ici, à Vendôme. Après avoir réalisé son album quasi en solo, maitrisant tout depuis l’écriture, en passant par la musique et les arrangements, avec tout de même un featuring de Vîrus sur 2 titres, il s’est bien entouré pour le live avec 2 musiciens, Pierre Lucas (machines & rythmiques) déjà présent sur sa dernière tournée, et Thomas Poli (nappes modulaires & analogiques).

Ils entrent en scène en 1er pour une intro musicale et préparent le public à recevoir le flow du rappeur rennais. Arm arrive ensuite, se concentre les yeux fermés pour débuter le set. Le public est très proche des musiciens, il n’y a pas de lumières pour créer une bulle protectrice, ce ne sont pas des conditions faciles pour jouer, la proximité immédiate d’un concert dans un bar est un exercice pas facile à relever et le groupe s’en sort haut la main. Arm n’est pas dans l’excès de mouvement, mais au contraire posé droit sur ses 2 jambes, ancré au sol pour donner encore plus de poids à ses mots. Les morceaux s’enchaînent sans temps mort, avec des transitions musicales qui maintiennent l’attention. Le son est puissant et grave, la voix de Arm y trouve toute sa place, et l’usage de l’auto-tune permet sur certains morceaux d’intégrer la voix comme un instrument.

Changement d’ambiance : nous retrouvons avec plaisir la très belle chapelle Saint Jacques pour le concert suivant, les Psychotic Monks. À peine le temps de prendre une petite bière que le guitariste seul sur scène commence une intro noise, les lumières toujours allumées dans la salle. Il laisse tourner sa boucle d’ambiance, sort de scène, le noir se fait puis le groupe arrive en entier et jouera dans une quasi obscurité tout le temps de leur set, entrecoupée de flash de lumières intenses.

La formule est bien ficelée avec des ambiances entêtantes qui tournent en boucle, répétées encore et encore pour créer une transe, entrecoupées par des vagues d’explosions noises puissantes sous des lumières stroboscopiques dignes d’un traitement de choc sonore et visuel de masse en asile psychiatrique. La voix atonale, avec un petit côté Girl Band, survole le son, noyée dans des réverbérations abyssales. Le traitement semble fonctionner sur un public qui en redemande. Les musiciens bougent, donnent de leurs personnes, l’un va dans le public avec micro et guitare, tandis que le clavier/bassiste se blessera à la tête pendant un de ses sursauts épileptiques et les lumières flashantes révèleront sa chemise blanche trempée de sang, image frappante sortie tout droit d’un film d’horreur. Tout se termine dans un chaos sonore.

C’est déjà la 3ème fois que la suissesse Émilie Zoé se produit aux Rockomotives, dont 2 avec son batteur actuel Nicolas Pittet. Les 2 musiciens se positionnent face à face sur le devant de la scène, Émilie parle beaucoup avant de commencer le concert, comme pour évacuer le stress de la tournée, et se préparer à nous faire rencontrer son monde intérieur, elle nous raconte d’une voix un peu fatiguée les anecdotes des derniers jours, sa rencontre avec un vieux rebouteux pour son mal au cou, etc… Puis elle attaque le morceau 6 o’clock, suivi de Tiger’s song et on oublie bien vite le quotidien pour rêver avec elle. Elle danse avec sa guitare, nous rappelant Shannon Wright dans sa gestuelle.

Le parallèle est facile puisque les 2 songwriters jouent sur les émotions à fleur de peau, chacune à sa manière, Émilie les yeux dans les yeux quand Shannon se cache derrière ses cheveux. Émilie Zoé joue ses morceaux les plus emblématiques, nous montre l’étendue de ses possibilités vocales, on passe d’un morceau au début blues à une fin rock et disto à fond, des douces mélodies aux cris en passant par des boucles de voix en nappes. Elle aime jouer sur les contrastes et passer de la douceur à la violence sonique, frontale qui fait danser le public. Difficile de rester statique ou tiède, elle nous embarque avec elle et ne nous lâche plus jusqu’à la fin du set. Le concert se termine par Sailor et sa fin chantée a capella par elle et son batteur, descendus dans le public, sa marque de fabrique.

On ne savait pas trop quoi attendre de Malik Djoudi et de sa pop sucrée et c’est finalement une belle découverte pour nous. Les 2 musiciens se font face, formule prisée pour les duos semble-t-il et qui permet une belle complicité sur scène. Malik chante en français d’une voix de tête haut perchée, à la Mathieu Chedid, qui nous surprend au départ puis nous convainc définitivement tout au long du set.

On reconnait au passage une reprise de Kim Wilde (Cambodia) magistralement interprétée. Il alterne les claviers et la guitare, de même que son compère passe du clavier à la basse, tout en lançant des séquences rythmiques. Malik danse sur la pointe des pieds, il a une belle présence et nous fait accrocher vite à ses morceaux.

Mais comment prononcer le nom du groupe local qui clôturera la soirée ? On entend des ‘jaizire’ bien français par ici, des ‘gaillesseur’ aux consonances germaniques par-là, des ‘djeiseur’ à l’anglaise un peu plus loin. Le mystère reste entier, mais Wikipédia nous donne une piste sur la signification du nom : « Geysir est le geyser islandais qui a donné son nom à tous les autres, et dont le terme vient du verbe islandais gjósa signifiant "jaillir" ». Comme tout duo qui se respecte, on l’aura maintenant compris, les 2 musiciens se font face sur scène et sont ovationnés dès leur entrée sur scène.

Il faut dire que Lionel Laquerrière et sa compagne sur la scène comme à la ville Marie-Céline Leguy sont connus comme le loup blanc ici et entourés d’amis. Après une tournée européenne en première partie de Yann Tiersen (Lionel joue avec lui et Thomas Poli dans ESB), ils fêtent la sortie de leur 1er album sur Figures Libres Records, le label de l’association qui organise le festival. Leur musique électro a des accents eighties, avec sa boite à rythme, ses synthés aux sons rétros, le tout agrémenté de programmations, basse, mandoline électrique (aux cordes non doublées). Deux invités surprises rejoignent Geysir pour les accompagner de leurs voix, tout d’abord l’allemand Fred und Luna sur le morceau Mund puis la vendômoise Pauline des Ropoporose pour une reprise de son propre groupe (le titre None) à la mode Geysir. La sauce prend vite et bien pour un beau final de ce 1er jour de festival pour nous.

Photos FLK




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