Au moment où je couche ces quelques mots sur « Kinesis » le nouvel album de Into Orbit les éléments extérieurs se déchainent. Comme une symbiose qui ne serait pas que le fruit du hasard, la musique se met au diapason de cette tempête printanière aux allures d’un retour précipité en hiver. Comme ces événements climatiques aux rebondissements nombreux, « Kinesis » est un disque qui nous plonge dans des atmosphères différentes sans nous prévenir, nous happant alors que la lumière venant de sonorités plus cristallines semblait devoir nous offrir un répit de courte durée. Avançant sur trois routes parallèles que sont le post rock, le post mental et le rock expérimental, le duo emprunte les differentes sorties, soignant ses courbes de lignes mélodiques fantastiques et jamais noyées sous un déluge qui serait comme une balafre sur la Joconde.
L’orage gronde souvent, les basses vrombissent en adoptant comme chez Mogwai la posture du guépard prêt à attraper une proie qui se manifesterait (Emergence). Alors que le disque commence par deux premiéres minutes à vous décourager un stakhanoviste de la chronique au retard conséquent, mais qui face aux éléments avait besoin d’un mur sonore pour se défendre, ils semblent affiner son propos, ne se figeant jamais, rebondissant. Chevauchant un animal musical qui ne demanderait qu’à partir au galop, nos deux musiciens et des Zeus aux éclairs dans les mains, le maitrise, ne pouvant lui interdire des ruades qui nous mettent à genoux, non pas par la violence, mais par la justesse de la répartition de celle ci
Hasard du calendrier, c’est le nouvel album d’une Néo-Zélandaise (Aldous Harding) qui squatte notre platine, un versant tout aussi inquiétant avec une sensibilité musicale autre. La preuve que ce petit pays a en lui une fureur et des fêlures immenses à nous communiquer, et « Kinesis » de ce point de vue est une traduction parfaite. Éléments déchainés.