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Sorti sur leur propre label Rock Action, KIN pourrait être considéré comme le 13° album studio du quatuor de Glasgow. Il s’agit également de leur 4° bande originale après la série Les Revenants (2013) et les documentaires Atomic (2017) et Zidane : A 21st Century Portrait (2006), si l’on excepte les participations à celles de The Fountain (avec Clint Mansell et Kronos Quartet) et de Before The Blood (avec Trent Reznor).

C’est donc la première B.O. entièrement composée et interprétée par Mogwai pour une fiction, et pour un film de sciences fiction en l’occurrence, le premier long métrage réalisé par les frères Jonathan et Josh Baker associés à un des producteurs de la série Stranger Things, avec Dennis Quaid, Zoë Kravitz (la fille de) et l’imprévisible James Franco. Le film est sorti au mois d’août 2018 avec un succès relatif et discret puisqu’il se place en 5° position du box-office français la semaine de sa sortie.

Avec cette B.O., Mogwai ne prend pas trop de risques, navigue dans des eaux qu’il connait par cœur, des contrées qu’il parcourt en long et en large depuis 23 ans maintenant. Alternant claviers atmosphériques, batteries répétitives tendance Krautrock, nappes ambiantes et vagues bruitistes, on reconnait les écossais dès les premières mesures. Il ne manque à la recette originale que leur pendant slowcore, avec ses lignes de basse et ses arpèges de guitare en son clair, et le mur de saturation inopiné et brutal qui avait fait le succès de leur premier album, notamment avec l’inoubliable Like Herod. Si les guitares se font moins présentes sur KIN, c’est au profit des claviers Carpenteriens et rythmiques électro-indus Reznoriennes qui rajoutent le côté synthétique et rétro- futuriste indispensable à une BO de sciences fiction efficace.

La seule véritable surprise de cet album reste pour moi l’ultime titre, un des rares morceaux chantés du groupe, un tube à la fois pop et sonique tout en restant parfaitement Mogwaïen. Une piste à explorer pour ce groupe qui semble se reposer sur ses lauriers en continuant à creuser des sillons qui commencent à être très profonds.

En 23 ans, les écossais de Mogwai ont su créer leur propre style, maintes fois copié mais jamais égalé, et se sont construit une fan-base solide qui sera surement très enthousiasmée par ce nouvel opus. Mais s’il leur reste une seule chose à prouver, c’est qu’ils sont capables de se renouveler et de se mettre en péril avec des partis pris inédits. Et ce ne sera pas encore avec ce disque.