Si la salle des pas perdus est le lieu des multiples séparations suite à des unions courtes ou au long cours, j’ai la naïveté de croire en la fidélité, de la pratiquer, et de faire une légère entorse au contrat moral que je fais avec elle quand il m’est imposé de visionner avec des amis aux goûts incertains une daube bien française qui explosera avec une fidélité désarmante (pour notre pays) le box-office.

Avec Toxic Kiss la fidélité n’est pas un vain mot. Nous avons chroniqué les premiers disques du groupe, et si certains peuvent revenir quelques années après une chronique sans que notre mémoire bouillonne, quand dans ma boite mail ce nom est apparu dans un sujet, c’est comme la fameuse seconde qui balaie notre vie, le nom a charrié l’histoire d’ADA avec une délicatesse qui n’est pas étrangère à la prolongation de ce vieux webzine (mais je m’égare).

C’est l’an dernier en Allemagne que Manuel Étienne (le fameux Manox), Laetitia Vançon, Sebastien Servais et David L’huillier ont enregistré ce cinquième album, avec plus de 7 ans de silence. Avec « Fear » Toxic Kiss, nous offre une pluie, car c’est souvent orageux, de jouvence, une douche sonore au rythmique apaisante, telles ses petites sorties dans nos douches modernes, nous décollant la peau du dos, nous rapprochant un peu plus du chien à qui nous brossons le poil.

L’album, parfaitement équilibré, ne nous lâche jamais, excluant le moindre temps mort, ou pour mieux nous reprendre par surprise (Fear). L’énergie du disque est juste une insulte aux politiques énergétiques, à ceci près, que l’énergie de « Fear » génère une production exponentielle. Les morceaux s’enchainent nous prenant aux tripes (Strange Lee est la démonstration que ce groupe et que Manox en particulier ont quelques choses de spécial).

Ce retour est d’autant plus incroyable que le groupe ne renie pas ce qui aura fait sa substance depuis ses débuts, balayant les tentations habiles pour une ligne directrice aussi touchante que bigrement attachante et totalement intègre.

Toxic Kiss est une valeur sûre du rock d’ici, gage qu’ici finisse par s’en apercevoir, car des groupes comme celui-ci capables d’écrire un album comme « Fear » ne se bousculent pas.