Il n’y avait pas de raison réelle que je me jette sur ce disque, plutôt que sur un autre, et ils sont nombreux les autres. Je venais de traverser Paris sous un orage voilent, mon corps manifestant dans le train des tremblements, voulant s’extirper d’une couche de vêtements totalement noyés. C’est donc l’ordinateur sur des cuisses humides que j’ai découvert ces chansons et cette voix qui auront l’effet chez moi d’un souffle chaud et réconfortant. Car même si le songwriter est acide et littéraire, inspiré notamment par les ouvrages de JG Ballard (c’est ce que le communique de Presse dit, et c’est bien de le dire que c’est le communiqué de Presse qui le dit….bref) il se dégage de ces chansons la même lumière possible que le chef d’oeuvre de Mercury Rev (Deserter’s songs) avec certainement une ambition orchestrale moindre, ou bien chez un Eliott Smith (Abandonned Buick) qui aurait eu des velléités pour un psychédélisme déstructuré.

Membre de Slow Club et The Surfing Magazines, Charles Watson sera aidé par Rozi Plain, Trash Kit et Hot Club de Paris pour enregistrer ce disque à Londres. Les chansons s’enchainent, cachant sous une forme de dénuement, un véritable amour de l’arrangement, de la trame musicale parfaite, cherchant à retranscrire un son d’un passé coloré, sans jamais lui donner le premier rôle, celui-ci étant dédié à des chansons qui elles dessèchent les tubes de gouache, faisant régner des tons plus sombres, sans pour autant ignorer des teintes acides.

Songwriter épatant (« You’ve Got Your Way Of Leaving » met Ko les vélites du Win Butler d’Arcade Fire quand celui-ci tente de se frotter à ce style) Charles Watson, et son visage d’écrivain victorien, frise la perfection, mais son ironie mordante cachée sous une douceur sans maquillage (ne le croyez pas quand il dit que Love is Blue, même lui n’en croit pas un mot), fait tout pour l’éloigner du soleil, car c’est un homme de l’ombre, et ses mots une armée pour nous terrasser. Brillant.