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On rappelle la bonne idée des organisateurs de permettre d’entrer gratuitement sur le festival en début d’après-midi pour profiter des 1ers concerts et des différents ateliers et animations. Du coup on croise un public familial et des enfants qui se réjouissent du moment : moins de bières, plus de glaces, le rapport s’inversant largement les heures suivantes.

L’après-midi débute pour nous par House Gospel Choir dans le patio, avec 2 musiciens (percussions + machines/synthé) pour soutenir le chœur d’une myriade de chanteurs/ses qui reprennent des tubes des années 80 version gospel sur des rythmes house, comme son nom l’indique. Ça donne la pêche, les harmonies de voix fonctionnent bien et tout le monde danse à l’unisson.

Les suédois de Francobollo prennent la relève sur la grande scène, en plein cagnard comme on dit chez nous, parce que oui il fait beau et très chaud et que cela donne un air estival à ce festival. Le public est encore clairsemé à cette heure-ci, mais les musiciens se donnent à fond et s’amusent sur scène, nous avec. Le batteur, torse nu, les cheveux longs détachés après quelques morceaux, très démonstratif, secoue sa tête en rythme avec de grands mouvements de bras, ce qui n’est pas sans nous rappeler un certain Dave Grohl en son temps, ou le batteur du Muppet Show (oui, on est vieux). Le chanteur nous explique plusieurs fois que leur nom veut dire "stamp" en italien (timbre, en français), cela semble lui tenir particulièrement à cœur, alors on partage l’info, faites en ce que vous voudrez. Leur musique est un mélange de pop mélodique avec des passages énervés et des lâchers prises foufous un rien psyché — ou psychotropant, allez savoir. Bref, leur bonne humeur fait plaisir à voir.

Nous prenons un moment pour participer au blind test de Nina & Simone dans la love room, où l’amour coule à flots, les boules à facettes scintillent, les 2 animatrices très en verve sont toujours prêtes à charrier les participants. Le public pas forcément discipliné - mais on est là pour s’amuser - reconnaît des chansons allant de Sylvie Vartan, à Suicidal Tendencies en passant par NTM ou Unsane. Chaque gagnant est salué comme il se doit et a droit à un petit cadeau trop mignon (parfois un pass backstage pour quelques minutes avec l’artiste de son choix, graou !).

On a failli rater John Maus parce que ce qu’on avait écouté de lui pour préparer notre venue au festival ne nous avait pas renversé. Heureusement, le hasard et notre curiosité de chat fait que passant notre tête par la porte de la grande salle on s’aperçoit que c’est carrément bien et plus dark que ce que l’on pensait. Passé le petit moment de gêne causé par le son de synthé années 80 – à la A-ha – on accroche bien et on se laisse happer par la présence scénique et le charisme du chanteur, littéralement habité par la musique. Il s’asperge d’eau (on le comprend vu la chaleur on ferait bien pareil), se frappe la tête avec son micro, nous faisant penser à Troy Von Balthazar. Il chante d’une voix grave, hurle parfois comme un dément, perdu dans sa douleur presque palpable, puis reprend son chant doucement. C’est une expérience physique et mentale que ce concert qui nous remue de façon inattendue.

L’américaine Mattiel et son groupe jouent un blues rock soul sur la scène extérieure Bamboo. La jeune chanteuse occupe le devant de la scène, et ça fait plaisir de voir enfin une fille en lead sur ce festival. Sa voix de gorge puissante avec vibrato peut soit emporter soit agacer à la longue, la réverb et le son général ne la mettant pas forcément en valeur. Comme elle est pieds nus, on craint pour elle les coups de jus dans le micro – y en a qui ont essayé et qui ont eu des problèmes hein, faites gaffe quand même. Le groupe semble très à l’aise dans les différents styles (blues, indie rock, soul…), et soutient parfaitement la voix (trop ?) parfaite à la Anna Calvi.

Direction la scène Mosquito pour retrouver les canadiens de Chocolat que l’on avait déjà vu ici il y a 2 ans. Leur rock garage psyché bien énervé nous fait du bien aux esgourdes. Ça pogotte dans le public, ça slam sur le ventre ou sur le dos au-dessus des festivaliers, ça libère les énergies dans une belle frénésie positive. On remarque que le chanteur porte une veste de travail Alstom, le clavier un bleu de travail et le bassiste une chemise avec des traces de peinture : un clin d’oeil à la classe ouvrière ?

On avait découvert Father John Misty en 2015 à la Route du Rock de Saint Malo et son côté chanteur à midinettes & lunettes noires nous avait moyennement emballé à l’époque. Les lunettes sont toujours là, mais les morceaux et l’attitude sont plus digestes qu’alors. On se dit que ça doit être la mode d’emmener le plus de musiciens possible sur scène, ça nous a frappé ces derniers jours, mais là le record est battu et c’est bien 9 musiciens qui accompagnent notre crooner dont les classiques 2 guitares, basse, batterie, 2 claviers et un ensemble trompette-clarinette-flute traversière qui permettent de somptueux arrangements sur les titres de pop sucrées, et ceux plus folk, voire country. Et bien sûr l’incontournable projection vidéo sur écran géant accompagne le concert dès que la luminosité le permet. C’est joliment fait, et les amateurs de ballades pop-folk luxuriantes s’en régalent.

La grosse machine promo nous avait vendu la découverte du siècle, au tout du moins de l’année, avec Superorganism : on y est allé, on a vu et entendu avant de s’esquiver discrètement. Alors effectivement c’est bien huilé, tous les ingrédients sont là pour plaire avec un univers enfantin, onirique, kawaii, mis en scène et chorégraphié au millimètre près, des projections vidéos, des costumes, des décors. La chanteuse japonaise de 17 ans est toute mimi avec ses lunettes 3D et son air de Dora l’exploratrice, les 3 choristes dansent à merveille, les musiciens (batterie – clavier – guitare) sont en arrière-plan. Beaucoup y trouveront leur compte, tout du moins ceux qui avaient envie de pop sucrée et insouciante ce jour-là.

Nous ferons ensuite l’impasse sur Phoenix (et ouais, on est comme ça, prêt à tous les sacrifices) pour nous concentrer sur le concert que l’on attendait avec impatience ce jour-là, à savoir Ecca Vandal. C’est un mélange de hip-hop punk hardcore tout à la fois et les différentes influences ont été fort bien digérées pour une musique forte, pleine d’énergie, combative, emmenée par la charismatique chanteuse qui tient le devant de la scène avec brio. On a envie de danser avec elle et sa voix passe de la soul aux hurlements hardcore avec une dextérité confondante, tout en sautant comme une diablesse. Ca envoie grave et on en redemande.

Ayant dépassé notre dose quotidienne de sons et d’émotions, pas de Viagra Boys (dont on entendra dire le plus grand bien) ni de l’incontournable Ty Segall. Nous repartons direction centre ville via les navettes — plus nombreuses mais malheureusement devenues payantes cette année. Malgré cela, l’ambiance est toujours aussi fun, selon le degré d’alcoolisation de certain·e·s : grâce à des belges exubérants, nous avons droit à un retour très animé, incluant une chenille dans un bus bondé ! C’est aussi l’occasion de débriefer la journée, on glane ça et là les avis tranchés des un·e·s et des autres, et des conseils pour le lendemain.




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