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Attention ceci n’est pas un disque mouroir, une page spéciale d’un journal tv dégoulinant de sujets mortifères. Delgado Jones avec ce disque veut de la vie, encore et toujours pas de morgue, mais une énergie salvatrice, rageuse, comme un terreau que l’on prendrait le temps de peaufiner pour y faire fleurir des fleurs belles et invincibles. Mais Delgado Jones se serait bien passé de cette étape, capable qu’il était de nous plonger dans son écriture, mais la folie, la saloperie, l’indifférence semblent avoir pris un (Le) malin plaisir à croiser son chemin.

Parfois les fantômes du "Sewn to the Sky" de Smog hantent certaines parcelles des chansons, la nuit ayant toujours sa place dans ces chansons qui tentent de la repousser, la tranchant avec des éclairs dénués de pulsions destructrices.

C’est un Leonard Cohen (Little Bird) revenant de l’au-delà pour en pousser une dernière à l’arrache que nous croisons, sans nostalgie juste avec un rien de sarcasme face à cette salope de vie qui ne comprendra jamais que sa fin est plus longue qu’elle même, la jalousant en s’autodétruisant lâchement.

Ou encore Arcade Fire dégoupillant un titre avant de tomber dans les paillettes (Sweet Angel). Même sur "The Ballroom of Love" et sa froide description, Delgado Jones essaye d’insuffler quelque chose, du mouvement, tentant de faire plus de bruit, de recouvrir cet écho qui doit toujours bourdonner dans ses oreilles. Car ce disque est autant un chemin de croix qu’une échappée belle vers la vie, l’espoir.

Comme sa vie, celles des autres, des survivants de notre époque ignoble, les chansons sont cabossées, mais dégagent une forme de fraicheur, de souffle, jamais épique. Même "Upon the Bullshit", qui dans certaines mains donnerait quelque chose de profondément déplacée, est ici un point final, une conclusion comme un espoir fou, dépourvu d’anges, mais traversé par le souffle d’un corps qui brasse les vents contraires.

Sa vie, des vies ne tenaient ou tiennent qu’à un fil, par ce disque Delgado Jones offre une main pour ne pas être tiré vers le sol, s’opposant de toutes ses forces.

Il marquera le sol de ses empreintes appuyées pour ne pas se laisser entrainer vers un enfer dont il a foulé les terres les plus brulantes, en revenant marqué, mais gardant à l’image d’un Georges Hyvernaud revenant des camps de travail, une dignité et une force pour continuer à marcher sur notre sol qui n’est pas tout à fait un paradis. La radicalité d’un désespoir qui tente de muter en une forme de résurrection improbable. Un pari réussi, celui de croire à la vie et de la crier. Émouvant.




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