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Etrangement, il y a toujours du talent dans ces enfances a deux voies, je repense a Bashung, vivant les langages entre la fermée Alsace teutonne et la froide Bretagne, valsant entre deux cultures distantes, je repense a Cohen, autant juif qu’américain, et je découvre Matt Holubowski, entre Hudson et la Pologne, le talent vient parfois d’une fusion non voulue entre des ici et des là-bas, une sorte de telétransportation qui s’invente pour joindre les deux bouts et se traduit en musique, en talent. Matt y rajoute une troisième destinée, le langage français que sa mère originaire du Québec a eu le bonheur de lui inculqué comme un petit diamant à garder dans l’écrin des sons. Tout cela s’agite doucement dans son âme, tout cela bouleverse ses cordes vocales et sa vision des mélodies. Matt est une sensibilité qui s’est habillée d’un corps, avant de sortir dans les rues et les mondes, pour ne pas prendre froid, et aller allumer les réverbères, les lampions de ces villes, et mettre des airs de fêtes légèrement nostalgiques aux carreaux des fenêtres. Il est inévitable de ne pas l’associer a tout ce courant new folk américain, des Bon Iver, des Fleet foxes, et de mon très cher Patrick Watson, ces tristes sires qui embelissent sagement les horizons necessaires de nature, de naturel, dans leurs melancholies si bien tournées, si penetrantes, si charnelles, propres jusque dans l’amour, jusque dans la detresse. Solitude n’est pas un disque récent, il n’arrive que maintenant aux dehors du Canada, mais nous ouvre enfin les portes a ces exils, ces givres et cette foi intense en l’humain, nu, désarmé, puissant. Disque tournant autour de l’isolement, des lointains, des absences, il donne par le biais de cet auteur lumineux, parolier somptueux et musicien magique une teinte d’espoir. Les onze thèmes présentés par cet autodidacte sont d’une richesse terrible, emplis de petits détails qui vous envahissent, vous enivrent, vous bercent et vous effondrent, certains touchent la lumières, certains atteignent l’obscurité, tous arrivent à nous émouvoir, allant au delà de la douleur de la solitude pour montrer le besoin d’être seul, ce bénéfice des vides, des espaces inhabités de nos vies. Non, ce n’est pas un disque triste mais plutôt une tristesse vaincue, un soulèvement des déroutés, un message de survie. Si le talent de musicien est inégalable dans ces compositions beaucoup plus étudiées que ce que le folk a la coutume de nous offrir, le don du chant est lui aussi, intouchable, les accents américains profonds et canadiens percent ça-et-là, mais la sensibilité qui s’appuie sur cet organe, dans des aigus presque religieux, angéliques, nous fait éprouver des lames et des soleils, merveilleusement dotée pour nous faire méditer, nous élever, nous embrasser, puissamment sage, fabuleusement brisée, elle donne une ampleur quasi shamanique aux mélodies. Un disque pour voir plus loin que le regard et écouter plus prêt de nos esprits.




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