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Une forêt, verdoyante, dense qui se reflète sur une étendue d’eau apaisée. Entre les deux, cinq lettres blanches se détachent avec élégance pour former le nom du groupe. Un premier contact visuel qui attise la curiosité, qui attire comme la mystérieuse citée perdue de Z dans le dernier tour de force de James Gray.

Attraction encore accentuée quand on découvre que derrière le patronyme de ORSAY, se trouve un trio d’explorateurs sonores originaires de Toulouse, Eric Sol (synthés, programmation), Emma Klein (voix) et Jean Chabrel (voix/guitare) dont nous retrouvons la trace avec grand plaisir tant les deux disques de Novö, parus en 2007 ( Je retiens ton souffle) et 2011 ( Sur une courbe continue sans tangente) chez Monopsone restent deux fidèles boussoles dans nos discothèques les plus intimes.

Avec ce nouveau projet, le voyage que le trio propose n’en est pas moins troublant. Porcelaine, ouvre le disque sur une variation électronique pop aux fines inflexions tribales portée par la voix tout de suite identifiable et profondément touchante de Jean Chabrel. Sur Myrrhe qui lui succède, la voix envoutante de Emma Klein vient lui répondre pour un morceau aussi lumineux et enjôleur dans sa composition rythmique et vocale que merveilleusement mélancolique dans son texte.

Entre l’apaisante clairière musicale Camphre et la très dansante et libératrice Bakélite, la tension se fait plus forte à mesure que le volcan des influences cold-wave se réveille sur Obsidienne avant de se libérer totalement sur Marbre, pierre angulaire du disque où prend source également le nom du groupe ; équilibre parfait entre tension électrique, aspiration au lyrisme électronique et texte à la beauté vénéneuse que le duo de voix incarne à merveille.

Ether redonne un peu d’espace, une ouverture, un cap lumineux, simple et direct, avant de poursuivre avec le non moins réussi Acier dont la vidéo donne une nouvelle preuve du soin porté par le groupe à son univers visuel.

Il en va de même pour celui de Plomb qui offre, un dernier exemple puissamment incarné de l’ode sensorielle, poétique et émotive que propose ORSAY :

Devenons nos idoles sous un soleil mongol

le voile est levé sur les champs de blé

Au plus près de la limite on jouera tous les rôles

l’onde et l’écho pour un dernier oui

Le voile est levé au plus près de la limite

Aussi blanc que l’océan sous un soleil de plomb

Le voile est levé

Sous un soleil sans fond pour un dernier oui

Un dernier oui, franc, massif pour conclure 25’25’’25’’’. Un disque qui en cet été 2017, est bien parti pour jouer le rôle que joue l’Amazonie pour Percy Fawcett dans The Lost City of Z : Une obsession, une envie irrépressible d’y revenir, pour mieux s’y chercher, peut-être s’y (re)trouver au fil des voyages quitte à prendre le risque de devoir s’y perdre totalement.




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