> Critiques > Labellisés



Il y a un besoin, pour tout amant de musique rock, dans sa plus large ampleur (on peut tout y fourrer… ou presque) de revenir a ces sources britanniques de temps en temps, comme remettre les horloges a l’heure, comme muer de peau. Il y a toujours cette attirance pour Manchester (au passage, une prière), pour la scène beat, les Beatles (bien que non-fan, reconnaissons l’importance). Il y a en tous des Joy divisions, des Oasis, des Stone roses etc.… Simplement parce que le vieil empire a toujours eu le savoir faire de créer des trucs simples, mais, différemment aux States, toujours élégant, munis de l’intelligence du plaisir. Bien sur, il n’y a pas souvent révolutions, loin déjà l’effet Sex Pistols, et souvent l’un semble l’autre, mais le savoir faire oblige les groupes à doser les sons exotiques de Kingstown, les hauts fourneaux de Manchester, le renouveau exquis de Leeds et les extravagances de l’avant-garde Soho. Parfois la folie gagne et permet le génie, Bowie le savait, et Elton a ses débuts en jouait. Ce qu’il faut apprécier de ces combos, c’est l’envie de briser d’une manière ou d’une autre ce ciel plombé et réitératif, soit dans la profondeur comme les Cure, soit dans le mouvement comme Franz Ferdinand. Je ne veux en aucun moment parler de rides, de choses poussiéreuses, de la vieillesse culturelle de ce royaume, là aussi sévissent les précurseurs et les visionnaires, les kids de Basildon et Monsieur Sledgehammer. Je vous l’ai dis au début, ici le rock est un sentiment plus ample que le mot. C’est vers Leeds que je me tourne plus particulièrement, puisque de là viennent mes amphitryons, Leeds, l’ancien réservoir a laine de l’Angleterre désormais reversée aux services et boutiques, chic nouveau et vie tranquille, base ouvrière mais surface easy living, un mélange sage entre feu et calme… flamme. Et nos amis de "The pigeon détectives" en sont le reflet. Formés en 2004, mais amis de toute la vie (nommons ce genre amis de bourgade). Le quintet se fait reconnaitre en deux petits titres, et ont le bonheur de tomber en grâce aux yeux de l’alors tout puissant groupe Kaiser chiefs. Le chemin ouvert, la liberté d’expression s’accentua au fil de 4 premiers disques, jusqu’à ce tout nouveau "Broken glances". Cessons ici même l’historique et causons bière a bière de ce disque élégamment swing, heureusement rock, et d’intérêt plaisant. La base est une sidérurgie traditionnelle, une mine de pierre, et puis l’édifice est un palais de cristal, un cocon a émotions, le ciel est un léger vent électriquement chargé, "Wolves", qui ouvre le disque, est le résumé de ces fusions d’espace-temps, batterie et basse puissantes, et guitares et claviers antibiotiques. C’est la voix qui lie, qui noue et projette l’ensemble vers la mélodie presque parfaite. ¨Lose control" et son intro tant eighties (l’Angleterre est encore tatouée de ce grand moment de la musique rien qu’a elle) donne un ton plus dansant, mais continuant dans cette idée d’unir les deux bouts, de faire marcher ensemble corps et âmes, reste So british dans la composition. "Munro" vient bousculer les deux premiers titres en trainant une atmosphère plus aérienne, pleuvant une mélancolie calme et tranquille, la voix se fait douce, presque intime. "Enemy lines" nous fait retrouver cette facilité qu’ont les beefeaters pour générer des hymnes un jour et puis l’autre aussi, de ces machettes qui te traversent tant fortement que la lame reste a jamais dans la chair, qui fait serrer les mandibules et crée des héros a chaque fermeture de paupières. "Sounding the alarm" est plus contenu, ouvertement électronique, des airs U2 dans grands stadium, quelque chose de facile mais tant effectif, répétitif à souhait, mais agitant les nerfs et obligeant les phalanges à tapoter. "Falling in love" est a l’image de la scène indie rock du vieil empire, ballade froide, sensible plus d’atmosphère que de musique, juste la sensation, l’émotion la plus épurée, et ce n’est pas facile de réussir dans ce style, ils y parviennent, bien que ce type de chanson soit usé dans nos radios jusqu’à la moelle. "A little bit alone" assume le fait que ce disque est plus sensoriel que physique, chanson heureuse quoique… La mélancolie est un des instrument de ce groupe, et il y a ici un maestro pour en jouer, et si les musiciens n’inventent rien et ne sont des génies, leur esprit et leurs visions sont pour le moins, grandioses et intéressantes "Stay with me" est le titre qui explique le pourquoi de l’intérêt des "Kaiser chiefs" pour ce groupe, bon rock, bien fait, chaud, élevé, emportant, guitares accélérées dans riffs courts et bruts, batterie de guerre, basse lourde et voix tranchante, un must de la britpop, un hymne hipster, un bon morceau pour bouger le body. "Postcard" revient à cette tristesse étudiée sur les bancs d’école de ces groupes élégants, Deacon Blue, Prefab Sprout, en y apportant une dose de futur dans une production excellente. "Change my world " clos ce bon Lp. D’un titre cool, presque exotique, happy sans plus, un truc joyeux, comme une demande en mariage, ces typiques chansons de fin des "Breakfast club", qui font du bien par où elles passent. Alors en fait, qu’est-ce qui fait la différence entre les pigeons et ce magma créatif qui couvre l’Angleterre ? Je ne sais pas, peut être ne faut il pas savoir et juste apprécier leur musique, ces chansons bien faites, intimes ou valseuses, peut-être faut il juste se nourrir des sensations propagées, se laisser aller, et avoir un bon moment mélodique, et si possible, un happy-ending entre Molly Ringwald et Ally Sheedy.




 autres albums


aucune chronique du même artiste.

 interviews


aucune interview pour cet artiste.

 spéciales


aucune spéciale pour cet artiste.