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Je crois fermement que notre adolescence a imbibé nos corps d’un alcool qui ne se dissipe jamais, et avec lui, ses expériences sonores, accrochées comme viande a l’esse de notre âme carnivore. C’est clairement pour cela que l’on revient, bien des années après, à ce son, ce style. Pour autant que l’on a acquis d’autres paysages, plus folk, plus éclairés, plus sages, on a en certains moments la nécessité de la jouvence, retrouver la densité de la chair, le poids du mal, qui nous rends beaucoup plus humain que la légèreté du bien. Je retourne alors dans cette cave où je me garde a mes 18 ans, peut être un peu avant, précoce pour le gout de Baudelaire, je retourne dans mon outre-tombe où, que vous le vouliez ou pas, je me sens toujours autant a l’aise, dans mon angoisse existentielle. Parfois, il est très bénéfique de se refugier dans la noirceur. Bien sur, je ne suis plus tant radical, il me semble dur aujourd’hui d’écouter les Misfit, les Cramps et parfois j’ai un peu de fatigue sur Bauhaus ou Joy. On vieillit, ce qui ne signifie pas que l’on s’éteigne, mais plutôt qu’on préserve la lueur. Le son, imprégné dans nos existences, bu alors que nous étions spongieux, ne disparait jamais. Alors quand Ali, casablancais, auteur compositeur du groupe basé a Paris (entre duo et multitude, je veux dire groupe ouvert, si ouvert que le Brésil et le Canada y apparaissent) je m’égare, quand Ali me parle de son projet en commun avec le batteur Arnaud Jacques nommé Holbrook, et me nomme une bonne flopée de grandes influences que je fréquente aussi (Editors, New Order, Elbow et Sigur Ros, entre autres), ma jeunesse s’enflamme dans sa cave et rugie. Il est temps de replonger dans ce gothique acnéique où j’aimais me baigner, l’ombre belle du son noir (dans le sens obscur, pas Motown) et le froid si bienfaisant des électricités, l’humanisation des technologies de ces eighties. Holbrook est bien alimenté, avec un palais exquis pour les ingrédients, prenant de chaque père le sang idéal, de chaque mère la sensibilité quasi parfaite. Cet Ep. Qui verra le jour en Avril, intitulé "Hello Angel", foisonne de tout ce passé qui m’a ému, et regorge de tout ce présent qui me touche, l’alcool est encore chaud, que commence la jouvence. Holbrook, au-delà de son talent pour crées des compositions accrocheuses et générer des addictions a ses perles, au-delà du plaisir d’écoute, Holbrook, c’est un groupe qui a tendance à grandir (voila un vrai compliment bien pensé), non seulement parce qu’en bon vampire, il sait sucer la sève de ceux qui participent peu ou beaucoup au cheminement du groupe (qui en tirent aussi un nectar pour les soifs de demain) et garder l’énergie et l’esprit de tous ces passants de scènes et studios (ors donc, des gens avides de pas en avant), mais aussi parce que depuis ce brouillon intelligent qu’était "Kiss the astronaut" en 2014 jusqu’à cet Ep. (Entretemps ils sortirent "The great Riot" en 2016), ils ont élargie la gamme des mimiques, et peuvent vous jouer une ritournelle de boite a musique à fendre le cœur comme un ouragan effréné qui vous caresse doucement, le tout habillé dans une électro sommes toute très eighties et vêtue de voiles des gothiques d’alors, cette obscure lumière parfois semée de rituels celtes parfois semée de riffs futuristes. Oui, cela a l’haleine de nos adolescences, ce souffle sans arrêt nécessiteux de braises et de noyade, oui cela me rends mes 18 ans et me rends mes 47, cela n’a pas d’âge, sinon l’instant même de leur "Damage", l’instant même d’un plaisir luisant d’arrière l’orbite des yeux.




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