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Hier, Daisy Lambert incarnait un « chic type » raccourcissant la frontière séparant Daft Punk de Chamfort. Dansantes mais bordées d’un magnifique écrin symphonique (l’ombre Gainsbourg), les compositions du Lyonnais se permettaient des textes ironiques, parfois cassants, de haute classe.

Les Cœurs Célestes, lui, est un deuxième album bien plus sérieux (précieux ?). Daisy Lambert s’y dévoile étrangement introspectif, comme s’il cherchait à réduire les mots en succédanés sonores, comme si la voix servait dorénavant d’instrument au lieu de balancer ce déluge de vérités que nous avions adoré sur Chic Type.

Musicalement, Daisy Lambert a peaufiné l’emballage. Plus psyché que son précédent album, Les Cœurs Célestes dispose d’arrangements et de subtilités orchestrales qui laissent franchement admiratif : “La Lumière” est un croisement entre le générique d’Amicalement Vôtre et le Leonard Cohen de “First We Take Manhattan”, “L’autre côté” ressemble à un disco 70’s tendance “Manureva”, “Majestic Hotel” suinte le slow torride pour période de canicule…

Il serait tentant d’accoler l’appellatif « variété » à cette musique faussement vintage. Mais Daisy Lambert outrepasse le genre. Si regard rétro il y a, celui-ci, à l’instar des premiers Daft Punk, s’affirme également futuriste : puiser dans le passé, mais envisager l’héritage à l’orée du présent ; ne pas se cantonner à réciter les modèles (Vannier, Chaléat) mais réfléchir à ce que cette musique pourrait avoir de pertinente dans le contexte contemporain. Ce n’est pas de la chanson, ni de la variété, encore moins de la pop : plutôt une tentative de relier les époques entre elles, de faire un bond dans le futur sans se départir des valises balises.

Au niveau du fond, il faudra s’y faire : Daisy Lambert refuse la formule reconduite. Evanescentes et simplistes, les nouvelles paroles du chanteur donnent l’impression de ne pas vouloir se faire entendre. Quelques dB en dessous, continuellement torturés par un (trop) grand nombre d’effets, les textes de Daisy, sur Les Cœurs Célestes, parlent moins de faits que de sentiments (amoureux).

Nous sommes heureusement loin de la naïveté adolescente d’un Paradis ou d’une Pirouettes – Daisy Lambert aborde les songes adultes –, mais l’auditeur ne s’identifie cependant guère aux Cœurs Célestes de la même façon que Chic Type s’affirmait d’emblée tel un fascinant miroir. Les mots, ici, s’arriment excessivement à la pensée universelle, ils refusent le quotidien intime pour mieux balayer large (et flou) dans la retranscription du syndrome amoureux. Ce n’est peut-être pas ce qu’attendent aujourd’hui les fans de Daisy Lambert : le musicien mettant en musique une réponse à l’album Sexuality de Sébastien Tellier (alors que, soyons honnêtes, Daisy Lambert est moins connu mais bien plus sincère que Tellier), cela aiguille, malgré tout, Les Cœurs Célestes vers le chemin de la déception.

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