> Critiques > Labellisés



Beth Jeans Houghton n’en est pas à son coup d’essai. Après avoir publié un premier EP en 2009 (Hot Toast Vol. 1) et un album en 2012 (Yours Truly, Cellophane Nose), elle change de nom pour devenir Du Blonde et finir sa mue. Passant ainsi de chanteuse joviale, lyrique et déjà bien barrée à meuf destroy qui fait du rock. Le résultat ? Un album électrisant qui mélange les genres et fait office de bon gros défouloir.

Tout commence par Black Flag, un titre qui en dit long sur l’iconographie qui se dégage de cet album. Une grosse basse, une batterie étouffée. Puis une guitare qui rentre, quelques coups de crash et une voix féline qui progresse, insidieuse. Beth contient les chevaux et on n’attend plus que le refrain pour secouer franchement la tête et se laisser séduire par un album qu’on pense rock classique, direct et sans fioritures. Que nenni... Black Flag est tout en retenue et il faut attendre le second morceau, Chips To Go, pour se laisser aller. Avec ce rythme qui ne stoppe quasiment jamais et ses choeurs venus d’outre-tombe, on dirait la bande-son d’un western punk et féministe. Beth beugle un coup et on se rend compte qu’en plus d’avoir une voix sulfureuse lorsqu’elle reste dans les clous, elle peut pousser un peu sans que ça dénature quoi que ce soit. Puis vient Raw Honey, ballade pop-rock assez banale mais agréable, qui permet d’annoncer After The Show, quatrième piste d’un album qui en compte douze. Alors on découvre encore une nouvelle facette de la blonde décolorée, ainsi qu’une nouvelle nuance de voix, avant de se reprendre une claque avec If You’re Legal, morceau où on n’a pas le temps de respirer. C’est d’ailleurs dans cette alternance entre chansons calmes et riffs agressifs que se trouve l’équilibre de Welcome Back To Milk.

C’est alors qu’on commence à cerner le personnage Du Blonde. C’est cette meuf qu’on croise de temps en temps en soirée, qui picole un peu plus que nous mais qui est capable d’être debout le lendemain matin avant dix heures, parce qu’elle a décidé qu’elle voulait aller au musée et manger un bagel à une dizaine de rues d’ici. Cette nana, on en a tous connu une : elle est terriblement séduisante mais elle est trop électrique pour nous, trop casse gueule. C’est un fantasme adolescent et c’est mieux si ça reste ainsi, pour ne pas égratigner la beauté du truc.

Welcome Back To Milk, c’est la même chose. Un peu schizophrène (Four In The Morning frise avec le lyrisme d’une demo de Beyonce tandis que Mr Hyde aurait pu être chanté par Joan Jett herself), carrément barrée, cette folie-douce contenue en une douzaine de piste séduit instantanément ou ne séduit pas. C’est quelque chose d’électrique, comme une pulsion sexuelle. Cependant, comme après bon nombre de plans d’un soir, le fantasme peut redescendre aussi vite qu’il a été entamé. C’est pourquoi, après plusieurs écoutes, on commence à se poser des questions sur l’authenticité de cette âme rock qui se dégage de l’album. Si, parfois, on pense à Joan Jett ou Patti Smith, on a du mal à s’enlever de la tête les deux premiers albums d’Izia, qui adoptait tous les codes sans que ça réussisse à convaincre pour autant.

On laissera toutefois ici à Beth le bénéfice du doute en se disant que même si ce n’était pas sincère, c’était quand même un bon coup musical.




 autres albums


aucune chronique du même artiste.

 interviews


aucune interview pour cet artiste.

 spéciales


aucune spéciale pour cet artiste.