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Le Protocole Pélican

Scénario : Richard Marazano

Dessin et Couleurs : Jean-Michel Ponzio

Tomaison : Série terminée, 4 tomes / 2011-2013

Comme mon patronyme l’indique, ma première découverte de la Bd s’est faite au travers de cette sacrée gamine, courte sur patte mais tellement maligne…

Du haut de mes 6 ou 7 ans à l’époque je ne la comprenais pas bien sûr…

Mais aujourd’hui, en pleine possession de mes moyens de jeune trentenaire, je dévore Bd, mangas et Blogs Bd en tout genre !

Un premier exercice de la chronique pour moi donc, et un premier exercice de la chronique Bd pour A Découvrir Absolument, avec une découverte fortuite car c’est de l’accident que nait l’émotion...

J’espère ainsi tenter de vous transmettre les miennes…

Le Protocole Pélican est une série parue chez Dargaud, entre 2011 pour le premier tome et 2013 pour le quatrième et dernier. Richard Marazano officie au scénario et Jean-Michel Ponzio au dessin. Ces deux-là, je les connaissais déjà un peu puisque qu’ils ont collaboré à la création de l’excellent Complexe du Chimpanzé. Ils ont aussi fait ensemble Génétiks et Le syndrome d’Abel, en collaboration avec Xavier Dorison ; lui c’est le scénariste du 3ème testament et de Long John Silver entre autre…

Mais chacun de leur côté, ils ont aussi bien travaillé…sur le Rêve du Papillon, Blue Space ou encore Zéro absolu pour Marazano. Et pour Ponzio, on peut citer Kibrilon ou le Dernier exil…

Le Protocole Pélican est donc un récit de science-fiction et d’anticipation ; un genre que j’affectionne particulièrement, mais qui m’a aussi beaucoup plus parce qu’il traite d’un sujet dont je suis une très grande fan ! Et qui plaira aux accros du débat interminable autour de cette question ; tout vient-il de l’inné, ou de l’acquis ? En gros, sommes-nous des sujets déjà construits à la naissance, et clairement voués à mener une existence déjà programmée par notre code génétique ? Ou bien sommes-nous influençables, manipulables, voire même capable d’influencer nous-même le cours de notre vie, tout seul comme des grands ?! Bien vous devinez déjà un peu là, de quel côté du débat je me situe…

Dans cette histoire, Ponzio et Marazano nous proposent donc d’assister à une expérience scientifique à grande échelle, initiée par l’homme mais finalement passée sous le contrôle absolu du Pélican donc….une machine en fait, une intelligence artificielle qui a surpassé l’intelligence humaine, et capable finalement, de contrôler ses propres créateurs….

Pour info, la référence au Pélican, l’animal… c’est en fait parce qu’il vit en colonies solidaires et constituées de milliers d’individus. Une légende aurait longtemps persisté le concernant ; celle qu’il pouvait nourrir ses petits de son propre sang et donc se sacrifier pour faire survivre sa lignée….

Alors, le Pélican qui nous concerne là… cette intelligence artificielle, a été programmée pour aller étudier aux quatre coins de la planète des milliers d’entités humaines, pour en créer un échantillon de population représentatif de 12 personnes, d’âges, de sexes et d’horizons différents, au sein duquel, il espère ; toujours le Pélican et sa bande de créateurs-scientifiques mais aussi de quelques politiques hauts placés ; dénicher un virus… Une pensée en fait ; une pensée divergente qui serait enfouie dans la cervelle d’un de ces 12 ; et qui menacerait le corps social établi dans cette société futuriste, et mettrait donc en péril toute l’humanité si elle venait à se propager entre individus….

Alors, une petite précision quand même avant de poursuivre : les idées sont en fait des virus ici, qui se propageraient d’hôte en hôte, comprenez de personnes en personnes. Ces idées-virus peuvent sommeiller, rester latente toute une vie, ou bien s’activer sans que son hôte n’en ai conscience et surtout sans qu’il ait conscience de la propager….d’où le fait de le chercher cet hôte infecté, et de l’isoler bien sûr….

Là, chers lecteurs, vous pouvez y coller toutes les métaphores que vous voulez sur notre société actuelle, parce que personnellement je n’ai pas la place là, mais il y en a plein des tonnes ! Et c’est une des raisons qui fait la réussite de cette bd à mon sens….

Mais reprenons...

Ainsi, dans le 1er tome, le Pélican a repéré les 11 premiers hôtes potentiels. Il va rapidement les subtiliser à leur existence et à leur entourage et les faire enfermer dans une sorte de plateforme pétrolière désaffectée et abandonnée, transformée pour l’occasion en prison futuriste ultra- équipée.

Ils sont enfermés dans des cellules, où des caméras, des sondes et autres artifices technologiques les épient, mais pas que…. Le Pélican, encore assisté de son équipe de soignants et de confidents, comprenez les médecins et les gardiens, va les soumettre à une batterie de tests en tout genre pour jauger leur capacité à résister à la frustration, à la pression, à la solitude, à l’influence du groupe de prisonniers lui-même… Il va analyser toutes leurs interactions et réactions, avant d’introduire le dernier hôte, le 12ème, quelque peu inattendu celui-là, qui aura encore un autre rôle à jouer….

Allez, je ne vous raconte pas tout quand même, mais ces mises en relation entre hôtes, confidents et soignants vont donc créer des liens entre eux (encore des métaphores si vous êtes motivés…) et permettre au Pélican de trouver l’hôte infecté pour l’isoler de tout et pour toujours !

Mais va-t-il y arriver me direz-vous… !?

Et bien je vous dirai d’aller vite savourer cette bonne série si vous voulez la réponse, où, comme dans toute bonne critique sur les dérives des manipulations scientifiques et psychologiques, l’épilogue nous montrera que le pélican aura finalement sans doute participé à créer la situation qu’il cherchait à endiguer...

Enfin, je n’oublie pas le dessin bien sûr, que j’ai beaucoup aimé ; hyperréaliste, on s’y croirait vraiment : des cases magnifiques de la plateforme perdue au milieu de l’océan, mais aussi beaucoup de dessins centrés sur les visages des hôtes, des confidents et des soignants, qui nous plongent dans la psychologie de chacun. On peut sentir leurs peurs, leurs angoisses, leurs doutes…, qu’ils soient du bon ou du mauvais côté du protocole, à priori...

L’ensemble crée une atmosphère toute particulière et intimiste dans cette prison-laboratoire où se déroule une expérience scientifique extraordinaire, mais aussi dérangeante et dangereuse pour tous….




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