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Aride. Je m’amuse parfois à trouver un mot qui puisse définir un disque. "Gun" entame cette traversée du désert, gorge sèche à la recherche d’une goutte d’eau. Si vous pensez voir ici de la flotte, ce sera un mirage. La montée en puissance, la batterie rêche, voici chacun des angles de ce caillou rugueux sur lequel on ne pourra que se couper.

Elle a l’air de s’être bien éclatée pour ce disque. Allégée de devoir aller en studio (pour une majeure partie du disque), elle a pu aller au fond de son propos, chez elle, s’enfonçant plus loin. Finalement, avait-elle tant besoin d’un producteur aussi important soit-il ? A l’écoute de ce disque on se le demande, mais peut être que justement son émancipation s’est faite à la lumière de ses expériences passées. Pas étonnant qu’on ressente les mêmes émotions étranges qu’avec "I am".

"Can’t fool me now" et sa reverb vous emporteront sur les ailes d’un vautour. Elle a rarement sonné aussi libre. Après tout on a besoin de quoi ? C’est sec ou Dry comme un come-back en 92 alors qu’une autre fameuse anglaise posait de nouveaux galons pour le rock féminin. Ce titre n’en finit pas de m’obséder avec sa montée céleste superbement et sobrement arrangée sur fond de rocaille et son étrange aspect cyclique appuyé par les paroles qui reviennent. L’envoutement !

De fait, l’album a ce côté intemporel car il nous renvoie à une longue partie de ce qui compose notre culture musicale actuelle. Mais aussi celle dans laquelle la plupart des trentenaires ont grandi. Ce son, c’est juste ce qu’il me faut pour donner de la nouveauté à ma nostalgie. Parfois on pourrait même s’imaginer Throwing Muses en disposition dépressive autour d’un feu en plein désert. Le magnifique "My man" l’attestera, "Second chance dreams" le confirmera d’autant plus avec ses accords typiques, sa batterie minimale (on n’en veut pas plus !!!). Les titres sont tous dans cette ambiance chargée, osant la rencontre du beau et du fond de garage le plus souillé, étrange paradoxe de crasse magnifiée comme dans "All night long". "No scrubs" s’envole littéralement avec son duo à filer le frisson. Le morceau n’est pas seulement magnifique : il redonne sens au reste du disque en le sortant un peu de sa logique noire. Le chant est y aussi mélancolique qu’accrocheur. On le sait, Scout excelle autant dans les duos qu’en solo, ceux-ci sont donc toujours attendus, "No scrubs" nous comble par sa beauté naturelle et simple, ses harmonisations d’e-bow finales...C’est là que "Could this possibly be ?" vient donner un revers entamé doucement mais terminé fortement avec cette puissance émotionnelle, cette batterie jouée totalement à l’instinct n’en étant que plus juste !

A l’écoute de ce disque on se rend compte que souvent un bon album tient à un tas de petits détails simples, comme choisir bien l’ordre des chansons, l’une révélant l’autre à l’instar d’un bon scénario. Mais au delà de tout l’intention, la justesse émotionnelle.

Scout ne ment pas. Et à son "What can I do ?" qui clôt le disque en apothéose (vocale surtout) je répondrai "reste toi ça te va si bien".




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