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Voici déjà plusieurs semaines que le label Herzfeld annonce le retour de Rémy Bux (alias KG) après douze années de silence radio. Pas n’importe qui, Rémy Bux, puisque sa discographie voyage de LoFi à Orgasm en passant par Goom, Einkaufen et Captured Tracks. Une certaine idée de la classe, assurément. Avec « Passage Secret », nous espérions donc un tsunami, une musique déviante à la hauteur du personnage. C’est le cas ! Remercions Herzfeld pour le coup de génie : « Passage Secret » est une bombe électronique dans le paysage français. Depuis le « 000 » de Brou de Noix, jamais un album électro ne nous avait autant chamboulés, terrassés, mis à terre.

Dès le vrombissant « P36 », la folle machine est en marche : batterie frappadingue, synthés lancés à toute allure, sonorités gothiques, cold-wave à faire tourner en boucle. Le disque vient à peine de commencer que la concurrence peut déjà s’écraser. La suite confirme haut la main les cimes aujourd’hui atteintes par KG : qu’il ralentisse le tempo, qu’il saupoudre son électro de grattes très Kevin Shields, qu’il chante en allemand ou qu’il cherche à convenablement tabasser l’auditeur à coups de rythmiques monstrueusement martiales, Rémy Bux offre ici un parcours sans faute ; treize titres imposants, foutrement bien produits ; treize titres étincelants, à conserver à vie.

Ne pourtant pas s’imaginer un album élitiste, volontairement underground ou spécialement hermétique. Chez KG, ça défouraille autant que ça promène l’esprit. Et il n’y a aucune raison pour que des titres aussi limpides tels que « Blut », « Steinsuppe » ou « Claque-merde » ne réussissent à se frayer un chemin sur les ondes. Car rarement une électro n’aura semblé aussi habitée, vécue en profondeur, chargée en émotions : aussi poignant qu’un « Computer Love » ou bien aussi énergique qu’un « Swastika Eyes », « Passage Secret », et là n’est guère la moindre de ses qualités, émeut autant qu’il ordonne le pogo, caresse l’auditeur autant qu’il ne l’invite à se déhancher non-stop sur une étrange dance martelée de guitares méchantes, vindicatives, splendides pour tout dire.

Parfois, tel hier le Primal Scream revanchard de « Evil Heat », KG lorgne vers un krautrock de malade, un krautrock saturé d’électricité, un krautrock bon pour Sainte Anne tant la folie permet ici des sommets musicaux comme nous en croisons trop peu dans l’électronique française contemporaine. Ce disque est la rencontre de tous les génies : entre New Order et Neu !, Primal Scream et les Chemicals, Kraftwerk et Can, Daft Punk et MBV, vous n’en ressortirez pas indemnes. Croix de bois !

Oui, en 2014, KG, avec « Passage Secret », vient de sortir l’album que nous attendions de My Bloody Valentine en début d’année dernière. Traduction littérale : une borne essentielle.




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