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Entre le royaume des vivants et des morts. Reflektor est exactement là. Machine vaudou trafiquée par la technologie, toute puissante et critiquée...La ligne de tension est implicite dès le premier titre....Connecté mais seul. La déflagration est énorme, hypnotique, emporte tout sur son passage. Baignant dans les esprits, les motifs répétitifs, une ligne de basse colossale...Elle se fracasse ensuite sur une rythmique de maître tambour. Fonçant vers la transe, l’équation parfaite entre musique rituelle et l’électricité. Les rites afro-caribéens et les mégapoles occidentales. Médiateur entre les mondes...Une furieuse chevauchée, lutte invisible entre le fidèle et le musicien. Les anciens, les modernes...Fantasmagorie, chaleur des croyances...Froideur, foisonnement des rues d’ici. Disque nocturne, crépusculaire, réchauffé de l’intérieur, par un soleil noir, par la musique noire...Poli par le funk blanc. Qui caracole secoué de riffs, de battements implacables.

J’entends des voix. Du Vaudou aux voix de Jeanne d’Arc il n’y a qu’une note...Qu’un pont temporel à passer. Et toujours, toujours ces éclairs faramineux qui transpercent et l’oreille et le corps. Danse, danse triste mais sans limite. Jusqu’à l’épuisement, comme un hédonisme forgé dans la sombreur. Poupée sacrificielle et sonore...Percée, piquée, brûlée par les beats et les flashs électroniques.

Le temps de la nuit...De sa mélancolie, alors que les excès s’estompent, comme tombent les masques traditionnels ou sophistiqués. Retour des ballades salement abîmées, amochées par des intrusions, distorsions. Le rythme martial, mécanique s’empare alors du disque...La danse devient robotique, et sans fin...Des paroles jetées à la figure comme des injonctions puis des caresses. I hurt myself. La solitude emplit l’espace, si vaste, si vide. Propice à l’introspection, aux souvenirs doux-amers soulignés par un ralentissement de la musique...Ou plutôt par sa froideur grandissante. Envahissante. Minimale électronique...Mais toujours dansante. Le cadavre lève les bras. Impressionnant par sa détermination à s’accrocher...Tout le spectre de la musique contemporaine est là... De ses tréfonds, racines tribales...aux ordinateurs. Les diodes s’allument, éclairent les yeux, ce qu’il en reste. Les claviers chassent les guitares...Les fantômes urbains, bardés d’appareils, s’invitent. S’agitent. Renaissent. Afterlife...La troupe s’envole à nouveau, comme reprise par le démon du voyage, des espaces, la profondeur de champ...Pour se poser doucement sur Supersymmetry, longue et terrifiante échappée... Double album...Pour les vivants, pour les morts...




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