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Stereostar 69 : ça en jette comme nom non ?

On va parler de leur nouvel ep "Make out the target". Quatre titres, superbe digipack 3 volets, artwork ultra soigné, le grand jeu pour un ep... Justification de ponctuation : les trois petits points, souvent utilisés à tort, servent aussi à exprimer le doute, à suggérer ce que l’on ne dit pas. Qu’est-ce que je suggère ?

Et bien voilà, dans cette époque d’image et de suprématie du contenant (numérisé pour la majorité), j’ai de quoi me méfier vu qu’on soigne souvent excessivement l’apparence au détriment du contenu. Sauf que...(récidive de ponctuation) : Stereostar 69 ne sont pas les quatre petits nouveaux ni la récente coqueluche de journalistes pervertis au jeunisme par peur d’être taxés de ringards, avec cette dictature du cool qui sévit dans leurs rédactions. Non, S69 est composé de quatre mecs qui côtoient la scène depuis les 90’s, autrement dit : ils ont grandi à une époque où l’emballage embellissait mais ne maquillait pas.

Un nouvel ep certes, mais pas que car pour eux aucun intérêt de refaire ce qu’ils ont déjà fait. Ils marquent un nouveau possible, une orientation musicale bien plus scénique sûrement due à leurs nombreux concerts. Et bien je dirais que pour ma part j’en suis très heureux, car les titres en sortent efficaces, bien taillés. Pas de chichi et encore une fois sans abus de pistes. C’est du rock, dans son esprit le plus pur (faire taper du pied, bouger les nuques, en trois mots comme en cent "mettre le feu") mais dans une expression fine et rusée (les idées de sons, les mélanges, les diverses influences, l’expérience quoi). Et en peu de titres on fait tout de même le tour de la question, un ep sert souvent de pont, là c’est l’autoroute, alors allez savoir ce qu’ils nous réservent pour la suite ?

Pourtant l’entrée de "A way" fait craindre le pire (si on ne les connaît pas). Vocoder, pas un mal en soi, mais la plupart des groupes devraient en être interdit ! Lignes de voix croisées, plein d’effets, que va-t-il se passer ? Puis soudain la balle part, le coup retentit, ça y est on y est. Les craintes volent en éclat, c’était juste un coup d’audace qui passe fichtrement bien à la réécoute. Le titre est un pur tube rock, avec en guest Kellett Chinn (Le Brio) ! Impossible de lui coller un millésime, une insolence authentique et vieille comme le rock, parsemée d’éléments 80’s (synthés aussi inattendus que bienvenus) guitare funky sur la montée finale, voix entremêlées du plus bel effet, chœurs quasi rétro. S69, c’est 69 à 2013, avec tout ce qu’il y a au milieu. Pêle-mêle, Dandy Warhols, Ghinzu, certains Bowie dans l’âme...on peut étirer.

"Clown is done" change la donne, en concentrant le spectre temporel sur les 80’s. Belle mélodie, toujours rock mais avec une teinte new wave. Une réussite toujours aussi tubesque, mais avec une ambition différente du premier titre.

"John Doe" est un titre du premier album, remanié. Un personnage qu’ils ont flingué dans l’album précédent, aujourd’hui ressuscité comme pour témoigner du changement. Un titre avec une urgence latente et une mélodie vocale on ne peut plus accrocheuse. Le son est pour beaucoup dans l’efficacité des titres, leur donnant une profondeur et une dynamique excellente.

Mais pour moi la plus grande réussite de ce disque est "Nixon Said". La construction du titre est audacieuse, son instrumentation riche, les idées généreuses. Rien que l’entrée en matière témoigne de la maîtrise du groupe, voix entrelacées, montée en crescendo et variations rythmiques. Un titre tout en atmosphère, sorte de pop orchestrale, dont la fin cinématographique en surprendra plus d’un !

Au final, voici quatre balles que vous ne pourrez éviter, chargées en poudre et taillées en croix par une production exemplaire et un mix/master signé Benshon dont nous avons déjà parlé (Dog Bless You) et qui a encore fait un travail impressionnant.

A noter que depuis, Stereostar 69 a aussi fait une apparition sur l’excellente compilation DADAPHONIC.




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