Les aficionados des premières années du duo électro goth Scratch Massive avaient été un peu perdus par "Nuit de rêve", le dernier album des Parisiens. Très pop, doux, un peu trop éclairé (au point d’accueillir Jimmy Sommerville et sa voix de castra). Mélancolique aussi, attitude inhabituelle pour ce groupe.
Avec "Communion", qui présente dix titres en version live, les amateurs retrouveront un peu leurs marques. Et des nouveaux auditeurs pourront découvrir un groupe plus mûr, accompagné sur scène par de nombreux featurings (Koudlam, Chloé, Daniel Agust et le Jimmy précité).
A leurs débuts, Scratch massive, c’était les Cure, mais dansant dans un très très grand placard (au hasard, le Pulp, mythique club lesbien, qui a vu grandir le groupe,ainsi que Chloé, Ivan Smagghe, Jennifer Cardini, etc.). Un espace sombre, menaçant, aux basses frappant lourdement, aux murs qui tremblent.
Puis ce fut l’époque des mixs pour les défilés de mode et des CD offerts avec les magazines branchouilles (des collectors !). Enfin arriva la reconnaissance artistique, avec des shows travaillés, proposés avec des VJays, des projections, des jeux de lumières.
Dans ce live couvrant toute la carrière du groupe, et donc ces différentes évolutions, ce sont surtout les rythmes martiaux, l’ambiance angoissée, et la filiation avec la New Wave la plus dure des eighties qui ressortent. Difficile de battre des pieds autrement qu’en se prenant pour un fantassin marchant au pas, martelant le sol de ses foulées, au même rythme que ses voisins de légion. Impossible de ne pas penser à Depeche Mode, Einstürzende Neubauten ou New Order. Des influences totalement digérées, malaxées et rendues au public en version 2012.
Seul bémol à l’appréciation de ce "Communion", c’est que, justement, on ne communie pas tant que ça avec le groupe. Le public s’entend vaguement en arrière plan, Maud Geffray et Sébastien Chenut ne disent pas un mot, il n’y a pas d’interaction. La musique est froide et le groupe aussi. C’est cohérent avec la musique, mais un peu de chaleur n’aurait pas nuit à l’ensemble.