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Je ne vais pas faire cette chronique en réaction à un papier que j’ai vomi, mais presque. Alors qu’un mois auparavant un mensuel faisait sa couverture avec la hype la plus immonde de ces dernières années (Salem pour ne pas les nommer), il donnait ce mois ci dans la moisissure intellectuelle, dans la chochoterie d’auditeur gâté qui ne paye plus un disque, dans l’ouverture d’esprit d’une baleine face à un nuage de plancton. Certes cet album de Del est plein d’imperfections, certes Brigitte ne pourra jamais, si l’on en juge sur ses performances, rivaliser avec Ana Calvi, certes. Mais « hope » de Palace Music doit il être mis au ban alors que c’est probablement le plus attachant des disques de Will Oldham, les œuvres de jeunesse de Bill Callaghan peuvent elles être balancées au rebus par manque de clarté du son ? Pire encore devons nous considérer un disque sourd de Dominique A comme une bonne façon de se poiler en écoutant de la chanson française, sous couvert d’un son faisant plus penser à celui d’un sonar qu’à celui que peut se pourvoir un chroniqueur, via une platine haute fidélité avec des enceintes payées rubis sur l’ongle, car quand on est magique on l’est jusqu’au bout.

Certes je fais parti de cette frange, pas si étroite, de personnes qui suivent les pérégrinations sonores de mister Mottet depuis quasi le début, ses démos dormant très mal dans une boite, les réveillant sans cesse. Je fais donc parti des irréductibles, qui pourraient se pâmer, à ceci prêt que le dernier album d’Angil n’est toujours pas parvenu à m’emballer totalement. Oui Mickaël Mottet doit être un garçon difficile à suivre au quotidien si il a la même frénésie de découverte qu’il peut avoir en matière de musique. Mais avec Del c’est presque une cartographie de sa jeune carrière qui nous est offerte. Les aspirations du stéphanois sont ici en germe, pas encore en culture, faute d’une eau abondante. Del ce ne sont pas que des travaux de jeunesse d’Angil et d’un cousin, alors que le soleil plombe toute velléité de vie dehors.

On y note l’importance de la rythmique. Les compositions Accidentées, qui témoignent d’une fraicheur, celle des citronnades de notre enfance sous un arbre, alors que le vent sèche nos fronts humides. Les cuivres sont là, presque en guenilles (qui trouve ceux actuels de Go !Team plus aboutis…et pourtant !!!) les mélodies se font timides, le chant commence sa mutation vers un phrasé unique, Del est tout à la fois un moment de joie, mais aussi la possibilité donné au pisse froid de déverser un fiel encore plus immonde qu’un disque de Salem, et pourtant « Songs We Wrote » apporte des réponses à pas al des questions que l’on peut se poser en écoutant Angil et autres projets de Mickaël Mottet. Del, le bonheur simple.

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