Le silence est d’or nous dit on depuis notre plus tendre, et soumise enfance. Alors il est fort à parier que I Love UFO est à cet heure aussi blindé qu’un gagnant unique au système solaire million, car l’absence du groupe est à rapprocher, dans une moindre mesure à celle que peut avoir un gardien du PSG pendant les matchs de son club employeur. Depuis "Wis"h, quatre années se sont écoulés, nous avons fait des enfants, l’argent s’est volatilisé suite aux tempêtes successives, un petit gars agressif à en main les destinés de notre ilot prochainement barricadé, les amateurs de ballon au pied sont devenu des adeptes du coup de pied au cul, et la connerie gagne sans cesse du terrain, même dans les milieux culturels jusque là épargnés, cupides que nous sommes.
Alignés bout à bout, les affres de ces quatre ans peuvent expliquer le retour du groupe, et ce que vos oreilles vont entendre peuvent en témoigner. Si le silence était donc d’or, le bruit de I Love UFO est à peut prêt semblable à une horde, passablement énervée, qui monterait vers la colline d’où trône le monarque, pour non seulement l’en déloger, mais aussi pour le pendre par les oreilles. « Dirty Animals » n’est pas un vain mot (digression, quand je pense à relier mot et I love UFO j’ai une pensée pour Philippe Lefait, qui avait invité le groupe, dans cette anomalie télévisuelle, belle anomalie, qu’est son émission). « Dirty Animals » cultive la sauvagerie au rang d’art, non pas primaire, mais complètement réfléchi, reléguant les vagissements séniles et profondément fétides de Finkelkraut au rang de pet de marsupilami (l’association d’idées devrait vous faire rire). « Dirty Animals » détruit tout sur son passage, plongeant l’auditeur dans une abime sadiquement jouissive. Jamais en cage, ou alors de l’esprit des autres, I love UFO saupoudre avec une bétonneuse de l’énergie noisy et lourde, sur des partitions que Cure ou Joy Division auraient pu laisser se décomposer. Alors ne cherchez pas de dompteurs, ne faites pas confiance aux descendants des explorateurs qui ont ramené King Kong, proposz juste à ces féroces animaux de ravager les vertiges renaissant des idéaux que l’on croyant en putréfaction.
« Dirty Animals » n’est pas un disque politique, mais sa puissance (qui n’est pas que numéraire, le trio étant maintenant un quatuor) lui donne le grade de révolutionnaire. Ya Basta
NB : La pochette de Dirty Animals a été créée par l’immense dessinateur Philippe Druillet. Il s’agit d’une création originale.