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  • 1er mars 2010 /
    Immune
    l’interview

    réalisée par gdo

Interview réalisée par mail en mai 2006.

Quel chemin parcouru depuis vos premières démos !

__ Je ne sais pas vraiment… Mais d’un point de vue artistique, je pense que le meilleur reste à venir. Ma collaboration avec Martin est maintenant au sommet, et je pense qu’avec les nouveaux morceaux que nous travaillons actuellement, nous allons enfin réaliser l’album dont nous rêvions. Sound Inside est l’aboutissement d’une période de création de 2001 à 2005, et je pense que nous avons réussi notre pari. Mais notre horizon n’est plus le même et nous allons changer de direction. D’un point de vue de la reconnaissance de notre musique, le chemin parcouru n’est pas bien long en revanche... Enfin, il faut voir, peut être que la sortie de notre album sur le label Stilll va nous aider à prendre un peu d’ampleur. Mais être signer sur un label c’est quand quelque chose pour nous, car nous en rêvions.

La direction prise était-elle définie à l’avance. La compilation c’était le passage obligé ?

— Non, il n’y avait rien de vraiment programmé. Si nous avions eu la possibilité de sortir un album avant, nous l’aurions fait, sans aucun doute. Les compilations ont été des opportunités pour nous faire un peu connaître. Mais notre rêve était de sortir un album sur un label.

N’avez-vous pas la volonté de plus en plus aller vers l’épure ?

— Je ne suis pas si sure. Ce travail de l’épure est véritable sur Sound Inside, mais je ne suis pas sure que l’on continue dans cette voie.

Le nom de votre groupe exprime la douceur la mélancolie comme vos pochettes. C’est indubitable de votre musique ?

— Oui, tout va dans ce sens. Tout cela est question d’intimité et de pudeur je pense. Nous désirons créer une musique belle et aimante, qui n’en fait pas trop pour séduire, mais qui, quand elle entre votre cœur demeure. D’ailleurs toutes nos pochettes de disque sont des photos de ma famille : de mon petit frère pour Sound Inside, et de mes grands parents sur notre demo Immune.

Quand on voit le nombre de groupes qui se calquent sur des idoles, ce qui fascine chez vous c’est d’avoir explosé cette emprise. Vous avez lutté contre cela ou tout est allé de soit ?

— Je suis un fan invétéré de Hood, et il faut bien admettre que mes premiers morceaux étaient du plagiat de ce groupe. Leurs arpèges de guitare m’ont définitivement marqués, et aujourd’hui encore j’en ressens l’influence. Mais bon, c’est comme ça, et il ne faut chercher à tout prix à être original. Il faut faire la musique la juste par rapport à soi, et être le plus honnête possible. Voilà ce qui me semble être le plus important. Après, tous les groupes sont influencés par leurs aînés, et c’est bien normal. Ce n’est qu’avec le temps que l’identité d’un groupe se dégage complètement.

Pourriez-vous un jour écrire en français ?

— Non, pas dans le cadre d’Immune. Ca ne collerait pas. En revanche, je me vois bien un jour faire un disque en solo en français. Mais je pense que ce n’est pas encore pour demain.

Lâchez-vous la tension palpable sur scène comme peut le faire encre ou bed, ou restez-vous dans les rails sans déstructurer vos compositions ?

— On essaie de faire en sorte que les concerts soient plus rock. L’omniprésence de la batterie déjà ajoute de la puissance par rapport au disque. Mais je pense que nous ne sommes pas très bons en concert. Nous sommes définitivement plus un groupe à albums. A cause de notre éloignement géographique (Martin est à Paris, Julien à Dijon, Gary à Saint Claude dans le Jura, et moi à Lyon), nous ne progressons guère car on ne répète presque jamais. C’est un peu dommage, mais ce qui nous plait le plus est de réaliser des disques.

A propos de la scène votre pire et votre meilleur souvenir ?

— Le pire c’est indiscutablement celui à Lyon que l’on a donné pour la manifestation " Les Quais des Guinguettes ". C’était en plein air, en plein milieu d’après midi devant une dizaine de personnes assises qui mangeaient des frites. Juste à côté de nous, il y avait un groupe salsa qui jouait et qui nous couvrait sur les morceaux calmes. C’était affreux, d’autant plus que je joue de la batterie au clic par-dessus les séquences électro... C’était tout bonnement insupportable. On avait rien à faire là. C’est comme si on avait fait la fête de la musique à côté d’un groupe de hard. Ce n’est pas possible pour notre musique. En revanche, notre meilleur souvenir c’est notre première partie de Matt Elliott à Dijon pour le festival Novosonic. C’était dans un théâtre, les gens étaient assis et à l’écoute. Les conditions idéales en somme. En plus, faire la première partie de Matt Elliott, c’était pour nous un honneur puisque on est tous des grands fans.

La possibilité comme on put le faire Mansfield Tya, Rodolphe Burger ou Angil de s’attaquer à la bande son d’un film muet vous attire t’il ?

— Oui ça nous tente beaucoup, et on a bien envie de faire ça en live un jour. J’ai d’ailleurs réalisé un film en super-8 " Headlights " sur lequel j’ai fait la musique avec mon frère Julien. Ca a été une très bonne expérience. J’espère qu’on renouvellera ça un jour en groupe.

L’éloge de la lenteur, l’amour du silence. Immune se retrouve dans ce genre d’idées ?

— Assez oui. Mais ce ne sont pas non plus nos mots d’ordre.

Pous pouvez nous parler de vos projets parallèles ?

— Pour ce qui est de la musique, Gary joue dans Absence, duo qui lorgne du côté des Smiths, Sonic Youth. Pour ma part, je tiens avec le photographe Jérôme Dittmar le Blog Recorded Home où plusieurs fois par mois on se concerte pour mettre en ligne un morceau et une photographie qui se font écho. Après ça, Julien et Matin écrivent. Julien a écrit " Alfred Le Funambule " et Martin " La Monnaie Du Pape ", et tous les deux cherchent actuellement un éditeur. De mon côté je réalise de temps à autre des films courts en super-8.

Quelle est votre position face aux nouvelles licences, aux téléchargements, à la nouvelle donne de l’Internet ?

— Je ne suis pas trop au courant de tout ça… Donc je préfère ne pas trop m’étaler là-dessus de peur de dire des bêtises.

En dehors des Mark Hollis, Arab Strap ou autres Radiohead et Sigur Ros qu’est-ce-qu’écoute Immune en cachette ?

— Pour ma part, j’écoute énormément de musique et guette toujours les nouveautés. En ce moment j’écoute beaucoup le dernier album de Minus Story que je trouve fabuleux, et le disque de Grizzly Bear Horn Of Plenty. Mais j’écoute aussi les derniers Dominique A, Morrissey. Pour ce qui est de ce que j’écoute en cachette, ce serait Alain Souchon, Christophe, des choses comme ça. Martin ne suit pas l’actualité et se passe en boucle Hood et Matt Elliott, mais écoute aussi des trucs comme Souchon, Coldplay, Snoop Dogg,… Julien écoute des nouveautés et aime bien Herman Dune, Cocorosie, Arab Strap,… Et Gary écoute Sinatra, Morrissey,…

Avez-vous des envies de reprise pour la scène par exemple ? Pourriez-vous vous imprégner d’un autre univers ?

— A un moment donné, on a voulu reprendre la musique de Céline Dion pour Titanic. Mais on ne l’a pas fait, et on aurait eu trop peur de se faire jeter… Cela dit, on est persuadé que ce morceau arrangé autrement pourrait être très bon. Et pour avoir entendu Gary le chanter en karaoké, je peux affirmer que ça aurait pu être bon. Ce morceau est finalement assez proche mélodiquement d’un morceau de Sigur Ros qui apparaît sur la B.O de Angels Of The Univers.

Vous souhaitez donner une suite autre que sur le net au Blog recorded home ?

— Oui, et j’y travaille actuellement. En fait, j’ai le projet de poursuivre l’idée de ce Blog sur scène en reprenant les morceaux du Blog en les accompagnant de film super-8 qu’un ami projetterait en même temps. Je travaille sur ce projet live avec Aurélien de Cellar Door, et on cherche actuellement un clavier et un violoncelliste pour nous accompagner sur scène. Après, je pense que de cette expérience un album naîtra. Je pense garder les meilleurs morceaux, les retravailler, et les sortir sur disque.

Est-ce un hasard mais les quatre photos montrant les membres du groupe vous montrent les yeux fermés. Vraiment planant Immune ?

— Oui c’est du pur hasard. Il nous fallait des photos pour mettre sur le site, et on a mis ce que l’on a trouvé…

Votre playlist du moment ?

— Minus Story - No Rest For Ghosts et The Captain Is Dead, Let The Drum Corpse Dance - Grizzly - Bear Horn Of Plenty - Daniel Johnston - Discovered Covered - Sparklehorse - Tous les albums.