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Objectivité : qualité d’une personne qui sait faire abstraction de ses préférences. Un exemple ? Le nouveau single de Willy Denzey procure autant d’émotions que la réception de l’échéancier des prélèvements de l’impôt sur le revenu durant cette période post fêtes. Un contre-exemple ? L’album de David-Ivar Herman Düne devrait accompagner la réception du dit échéancier pour en atténuer les effets sur la psyché. Le lecteur l’aura compris, rendre sourd, même durant quelques lignes, l’amour immodéré que votre serviteur porte à la musique produite par l’un, l’autre ou l’ensemble des frères franco-suédois, est impossible. Je compte le groupe new- yorko-parisien comme l’un des plus talentueux de ces dix dernières années. Ce constat n’aura sans doute que peu d’intérêt pour le lecteur, il devait néanmoins être formulé pour poser l’idée que cette chronique ne saurait être neutre. De neutralité il ne peut de toute façon être question à l’écoute de Ya Ya, un des nombreux mais dernier effort en marge du groupe Herman Düne, de David-Ivar. L’album, autrefois disponible auprès de l’auteur lui-même à la fin des concerts de son groupe bénéficie aujourd’hui d’une sortie (sur Schrimper) de plus grande envergure. Exit donc la pochette photocopiée sur les machines d’une quelconque gare et le Cdr vierge de toutes inscriptions hormis la signature de David-Ivar HD lui-même. Le contenu reste lui identique : dix chansons magnifiques lorgnant tantôt du côté folk près de l’os, de la pop ensoleillée ou du, osons le mot, rock mâtiné de punk. Ya Ya ne semble avoir pour seul objectif que la volonté de témoigner du plaisir pur pris par David-Ivar HD et son (prodigieux) batteur Néman à jouer ensemble et de coucher l’émotion sur CD, et sans doute pas pour la postérité. Ce plaisir se révèle particulièrement contaminant. Time Of Glory/NYC qui introduit l’album évoque s’il en était besoin, l’amour de David HD pour la ville qui ne dort jamais. L’auditeur pris par la main y suit - sourire aux lèvres - les notes sautillantes d’une guitare en liberté, le tout d’un pas régulier, rythmé par une batterie (plus ou moins) métronomique. En permission de son groupe, David HD s’offre ainsi l’album qu’il aimerait sans doute entendre. Song For The Family, Take Me To Your Countryhouse et From The Richest Planet participent du même état d’esprit, comprenez allégresse et légèreté de l’esprit en bandoulière. Un esprit qui s’échauffe (un peu) sur les titres Song For The Family et Do The Swimming Dragon, deux saillies rock à forte coloration pré-pubère et particulièrement jouissives : imaginez Daniel Johnston reprenant le répertoire de Buddy Holly après ingestion du couple contre-nature Athymil-Guronsan. Le chant de David HD demeure incarné et alimenté à la source des paroles de ses chansons. Il évoque ainsi pêle-mêle son rapport à la musique, les relations amoureuses, le bonheur des déplacements géographiques… Sa voix séduit et sonne juste au sens où elle sert le morceau et uniquement le morceau. La batterie de Néman HD se charge quant elle d’élaborer le socle sur lequel David HD échafaude ses plans (de guitare). Epuré mais primordial, la batterie " à la Moe Tucker " de Néman constitue le contrepoint parfait au jeu épileptique de son alter-ego. Elle se loge dans les espaces restés libres ou ouvre de nouvelles brèches dans lesquelles s’introduisent alors ukulélé (New-Jersey Fake ID) ou Silvertone. Un disque de couple en somme. Un couple qui enfante une nouvelle fois d’un album magistral. .




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