Qui a trop cru l’adage que certains usent jusqu’à la corde : « pour moi c’est la première impression qui compte, en général ça ne trompe pas » ne pourra ici point s’y fier, une fois de plus. C’est à partir du neuvième titre que l’on commence à manquer de Jean-Louis Murat sur le chant de sa Jennifer Charles préférée. Et pourtant, JLM n’y est pas, sur cet album d’ Elysian Fields, pas du tout. C’est dommage, regrettable, mais ce n’était pas prévu non plus. Il ne sera plus jamais là pour personne. Seules ses chansons nous restent. Et on y pense, et on y pense, et cette guitare langoureuse d’ Oeren Bloedow de réouvrir la blessure qu’ a provoquée sa perte pour nous tous.
Celui qu’on regrette, c’est non seulement JLM mais un certain tableau des couleurs du temps - de notre temps - que peu d’artistes actuels savent trouver et transcender en textes et en musique. L’ album sonne vieux, c’est dommage. Mais lorsque « Changeling » résonne, tout d’un coup, ça y est, on est en 2024, on se dit « wow ça fait du bien » et ça repart. « Before The Crashing Waves » était présent aussi, aligné sur nos dérives et sur nos contradictions.
Mais le dixième titre retombe à côté de la plaque. Sorry guys, ça ne marche pas pour nous. Je pourrais accueillir What The Thunder Said comme si PJ Harvey débarquait - décidément, JLM ! - loin là-bas avec son béret (c’était ça ou quoi ?) son béret rouge, à Saint-Malo, mais Elysian Fields, malgré ce titre bluesy à souhait, mélancolique et bleu, du bleu du petit matin quand on ne veut pas se quitter (ou quand on ne veut pas se lever !), malgré quoi ? Il est beau ce titre, il est beau et il nous ramène là où nous devrions nous trouver : deux pieds bien dans le réel (au Lidl). Parce qu’on en a les moyens. Que dit ce « thunder » ? Qu’on n’’aime pas la politique, que nos congénères sont décevant(e)s, que la musique, elle, continue à nous surprendre malgré la torpeur dans laquelle nous plonge chaque lecture du journal sorti le matin, et que ce petit bleu du matin, lui, nous dit que mais… chut… « don’t say a word ». Ok on se tait, on écoute Elysian Fields. C’est peut-être la dixième impression qui compte, allez savoir.