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Alors qu’au premier titre, l’on craignait les mélodies faciles (quoique jolies) à la MetronomyMisophone nous surprend dès le second titre de A Floodplain Mind en nous emmenant dans son monde secret, dans son univers lyrique, et surtout en l’espace de trente titres ! Extase de la fan de pop.

Pas moins de deux heures pour dire tout ce qu’ils ont à nous offrir - un beau cadeau pour moi de plus, car étant née un 1er décembre, jour de sortie de l’album, ce fut un disque d’autant plus apprécié qu’il ressemblait à un cadeau pour l’ado que je suis restée, musicalement parlant. Rien que pour cette délicatesse, merci à Misophone d’avoir pris le temps de concocter A Floodplain Mind pour fêter mes 63 ans. Le long de ces deux heures d’écoute, on passe d’une ambiance à la Magnetic Fields (mais Misophone sont deux) moins plombants (différente époque, différents délires, différents claviers, et au chant c’est pas baryton-basse, ce n’est pas Stephin Merritt) à la Matt Elliott mais qui serait deux (dernier titre de Floodplain Mind).

TRENTE titres ! Oh la chance !! « Apple » comme une ballade que ne renierait pas un Centredumonde qui chanterait en anglais son indie-rock sentimental : « I cannot wait it out no not any longer but I still have a place »… Après j’ai pas compris donc j’ai écrit au groupe, qui m’a gentiment envoyé les paroles d’ « Apple » que voici :

I’m swimming in the ashes

Of the bridges that I’ve burnt

I’ve turned all of the pages

Of the lessons that I’ve learned

I gave you the apple

You gave me the pip

Some of us have time to wait

To stare ahead and sit

But I’ve too much past to ponder

I must up and always wander

I cannot wait it out

No not any longer

But I still have a place

Residing in the corner of my mind

A place unknown by all

That you my love will find

But I don’t know you name

Your face I’ve yet to eye

I’m still soon to meet you

I hope before I die

I don’t know what will pass

And know no good things can last

But all detritus from my life

Is meaningless to me.

Généreux les Misophone - comme nous tous chroniqueurs d’ ADA - en plus que de se montrer talentueux et patients (TRENTE titres !).

Ce bref échange de message, ça veut tout dire : Misophone donne beaucoup, leur coeur, leur âme, leur souci de trancher proprement les morceaux de ce gâteau, pour partager des sentiments que je qualifierais de nobles. Ils le sont chez tout le monde - les sentiments - attention, je ne fais aucune distinction entre le sentiment de ressentir l’amour chez les Papous de Nouvelle-Guinée et le sentiment de ressentir l’amour chez les Mexicains. 

Mais mais mais, les Britanniques, enfin les groupes britanniques ont ce petit truc en plus (quinze fois que je vous le dis) c’est l’auto-dérision, ou comment exprimer des émotions profondes et bouleversantes tout en restant pudiques. Ils savent faire ça mieux que plein d’autres groupes, sorry guys. Et moi j’apprécie, en tant que public bien installée au chaud chez moi (je précise) d’entendre de ces textes poignants, de ces guitares souffrantes, et de… Je m’arrête ! C’est que voici « Voices » un titre qui me ramène aux Auteurs, dont le premier album, New Wave, est un de mes albums de chevet. 

Amener tout doucement, amèrement, avec quelques clochettes limite pacotille, du sérieux et un romantisme tragique à ce que d’aucuns pourraient qualifier de chansonnette. Seulement non, c’est un beau titre, « Voices », un titre enlevé, et la voix qui se fait pourtant toute petite, et la guitare criarde mais en sourdine, accompagnées des clochettes que nous venons d’évoquer. Une sorte de détachement (je connais très mal Pulp mais je pense que les fans aimeront A Floodplain Mind qui n’est donc pas sans rappeler « Bailed Out » en 1993). 

Trente ans, trente titres ? J’aime cette idée d’un héritage U.K. Misophone s’est déjà esquissé, à la peinture à l’huile d’ailleurs, une belle place dans le paysage que l’on découvre sur la pochette de Floodplain Mind : un vallon, entouré de glaciers ou du moins de montagnes encaissées, pas de passage possible au milieu, et tant mieux. On n’a d’autre choix que de poser le regard sur ce ciel nuageux juste ce qu’il faut. La lumière déverse tranquillement ce qu’elle peut sur la clairière nue - ouais c’est pas un vallon en fait - sur certains flancs de ces montagnes oubliées. Faisons-en de même en écoutant patiemment les trente titres de Floodplain Mind, laissons la lumière de Misophone entrer dans nos oreilles et diffuser dans tout notre être leur joie de créer. Merci à eux d’avoir autant bossé pour nous (et merci d’avoir pensé à mon anniversaire).




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