Voyageurs sonores infatigables à la créativité débordante (Habitat est le quatrième album du duo italien après C’Mon Tigre en 2014, Racines en 2019 et Scénario en 2022) C’Mon Tigre a jeté son dévolu sur le Brésil. Inspiré par la samba et le forro (musique et danse traditionnelles de la région nord-est du Brésil) le disque a la sensualité d’un déhanchement d’Eder (Na Dança Das Flores est du miel pour les oreilles, un baume pour l’âme et le corps.) en évitant un tacle de Claudio Gentile, la posture altière et voluptueuse de Socrates jonglant devant Marco Tardelli à l’Estadio de Sarriá. Mais comme les trois albums précédents, le duo s’évertue à ne pas camper sans prendre sa table d’épices mondiales. En agrémentant les mets musicaux du Rio Panamà d’une modernité à l’instar du Graceland de Paul Simon (comment ne pas penser à lui sur Sixty Four Seasons, morceau jazzy où le fantôme de Baby Bird plane également), ne dénaturant rien, à la fois dans un souci éthique, mais surtout de transmission. C’Mon Tigre est aidé en cela par Sun Kuti, un des héritiers du légendaire Fela Kuti, dont les racines afrobeat insufflent à l’album une énergie puissante et contagieuse. Xenia Francâ, une artiste brésilienne originaire de São Paulo, mais également par Arto Lindsay, légende dans le monde de la musique expérimentale, et enfin Giovanni Truppi figure de la musique contemporaine italienne. Toujours épaulé par le collectif californien Drumetrics, le duo semble ici trouver une formule magique, parvenant non seulement à briser les frontières musicales, mais surtout à exploser les barrières musicales, séduisant les différentes chapelles intégristes de la musique, le temps d’un disque qui est une ode à la beauté du geste. La maison du bonheur.